parce qu’il l’ignore lui-même.
Comment pourrait-il parler de ce qu’il ne comprend pas
d’une ombre envoûtante à l’aube
ou de l’étrangeté de son corps ?
Comment parvenir à comprendre le bonheur de contempler
le fond d’autres yeux
et d’arriver à les ouvrir à notre propre abîme ?
Le mot est revêche. Et le regard aussi.
Ce qui ressemble à un troupeau de guanacos dans la Puna
est à peine un vrombissement d’insectes.
Une femme nous attire grâce au calice de sa beauté
et nous montons impuissants sans toucher ses cordes.
Car rien n’est ce qu’il paraît être.
Ni le corps, ni la femme, ni la beauté.
Comment harmoniser les accords
au milieu de la confusion générale ?
Une main frappe à la porte. Une autre l’ouvre.
Le corps ne répond pas. Il ne parle qu’en murmurant.
*
El hombre casi nunca puede decir verdaderamente lo
que piensa
porque él mismo no lo sabe.
¿Cómo podría hablar de aquello que no comprende
de alguna subyugante sombra al amanecer
o de la extrañeza de su cuerpo?
¿Cómo alcanzar la dicha de contemplar
el fondo de otros ojos
y lograr abrirlos a nuestro propio abismo?
La palabra es esquiva. Y la mirada también.
Lo que parece una tropilla de guanacos en la Puna
es apenas un zumbido de insectos.
Una mujer nos atrae con el cáliz de su belleza
y ascendemos impotentes sin tocar sus cuerdas.
Porque nada es lo que parece.
Ni el cuerpo, ni la mujer, ni la belleza.
¿Cómo reunir entonces los acordes
en medio de la confusión general?
Una mano toca la puerta. Otra, la abre.
El cuerpo no responde. Sólo habla entre susurros.
***
Miguel Espejo (né en Argentine en 1948) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Philippe Chéron