Chaque fois, les médias foncent sur le sujet, premiers sur la nouvelle, et diffusent en boucle les mêmes images chocs, les mêmes témoignages, les mêmes discours éplorés des politiciens impuissants qui ne peuvent qu'offrir leur condoléances, témoigner de leur désarroi et promettre de réagir.
On laisse tomber l'idée du recul et on montre le brutal, le cadavre le plus chaud possible. On plante des experts, les premiers ramassés dans les corridors pour les faire commenter sur un événement dont ils ne connaissent à peu près rien puisqu'il vient de se produire, et on leur fait dire n'importe quoi sous prétexte "que l'on était prêt". Quelques fois l'absurde pousse ce même (pseudo)expert à tout simplement dire "On ne sait pas trop encore ce qui se passe, il y a beaucoup de confusion, on attend des nouvelles".
"Comme nous" pourrait-on alors rajouter de notre salon.
On veut tenir le téléspectateur en haleine et la télé devient tout simplement argent. Money. Cote d'écoute, Restez avec nous, on vous viendra avec plus d'information. Zavez pas peur encore? Attendez tantôt, voir.
Les politiciens tiennent ensuite des discours qui flattent l'instinct de vengeance et ils oublient qu'ils incarnent les valeurs de démocratie et de droit pour lesquelles ils ont été élus.
La peur est devenue une formidable business. L'État Islamique l'a compris. Donald Trump aussi.
Pendant l'Euro en France, payer une publicité pour la finale coûtait 260 000 Euros le 15 secondes. Le terrorisme se tape de la publicité sans cesse.
Gratis.
Gracieuseté des cotes d'écoute.
Mais c'est une boucle. Les cotes d'écoute ramène de l'argent aux stations télés.
La spirale capitaliste tourne. L'argent a une odeur. Celle de la mort.
Certaines fois, inspirés par leur propre concept, les stations télés sont si pressées qu'elle mélange pommes et raisins. Ainsi, quand une tuerie a lieu par un déséquilibré, on peut l'associer très vite à un État Islamique et à un terrorisme qu'il ne connaissait pas. Il était tout juste déséquilibré.
La nuance s'évacue de nos médias. On fait maintenant appel à l'imagination. Notez le nombre de nouvelles (à TVA surtout) qui commencent par "imaginez...". Et la peur n'est surtout que frayeur construite par l'imaginaire.
Ça a surement un effet sur les désaxés qui y voient peut-être un tableau qu'ils souhaiteraient signer de leur main. Parce que de toute manière, ils sont frustrés. Et ils ne maitrise pas les codes de la communication comme les autres. Ils n'aiment pas l'autre. Ils ne s'aiment pas non plus.
En France, une station a dû présenter des excuses après avoir montré à multiples reprise une entrevue "à chaud" d'un homme complètement bouleversé, penché auprès du cadavre de sa femme à Nice.
La solution n'est pas simple car TOUT LE MONDE, c'est dans la nature humaine, ralentira pour regarder l'état de l'accident.
Mais les médias doivent avoir cette responsabilité de ne pas servir de caisse de résonance et faire la promotion de la peur que souhaite L'État Islamique et ses valets.
La business de la peur a besoin de l'effet de sidération et les médias à l'image sont un relais fantastique pour les gérants de la peur.
La culture occidentale politique guerrière fonctionne peu. Afghanistan, Irak, Syrie, les solutions ont toutes créé pire qu'avant. Ils ont créé l'État Islamique. Il en sont les vrais fondateurs.
François Hollande a envoyé des canons en Irak. Tu fais fausse route, Frankie.
La solution contre le terrorisme est plus complexe que "pow pow bang boum!".
Soyons cohérents.
C'est pas de l'angélisme que d'avoir de la foi en nos valeurs et d'être cohérents avec ces mêmes valeurs.
Nous ne sommes pas cohérents en ce moment.
Pas en occident en tout cas.
Le terrorisme n'est jamais spontané. Il naît de frustrations et d'ignorance.
Bien entendu il y a des moments où la légitime défense obligera le rapport de force.
Mais quand il n'y a que ça, nous perdons notre combat des valeurs.