Emma était fille unique.
Ne fais pas ta princesse de la Moskova, lui disait sa mère.
A dix ans, au village, elle s’ennuyait. A seize ans, elle était à l’Ecole normale de jeunes filles de Dijon. Elle serait institutrice. Elle y était restée deux ans de plus, surveillante. A sa sortie, sa décision était prise : elle poursuivrait ses études. On était en juillet.
Un matin de cet été-là, cherchant tout autre chose, elle tombe sur la photo, au fond d’un tiroir, d’un jeune homme, son grand-père, qui lui ressemble comme un frère.
Le même jour, elle commence un carnet.
Elle note : L’avenir m’attire.
Et elle se coupe les cheveux.
Alors seulement l’élève un peu pâle fait place à la princesse ultramoderne, au visage hardi, ardent, qu’elle allait devenir.