C'est le regard de Samir ( Samir Guesmi), tout de suite, qui nous entraîne, et me fait rire. Mais il ne sait pas où va le mener cette première scène dans un café de Montreuil, lui, le grutier de Queen of Montreuil qui invite Anna (Didda Jonsdottir) au-dessus des toits de la banlieue. Cette fois, il va vouloir conquérir Agathe (Florence Loiret-Caille), maître-nageuse de la piscine communale, Agathe de Maurice Thorez. Ça donne des dialogues savoureux, assez décalés comme les aime Sólveig Anspach. Montreuil, où des Islandais veulent aller en vacances après en avoir vu de belles images (" L'an dernier, on est allé à Ibiza "). Montreuil et sa piscine qui donne de superbes jeux de lumières, de reflets, une ambiance sonore particulière. Montreuil dont on va s'arracher pour suivre Agathe en Islande. Ce n'est bien sûr pas la première fois que Sólveig Anspach nous emmène dans ce pays, d'où elle vient. Étrange pays à nos yeux, où Anna a un cousin déprimé, où il semble n'y avoir qu'une route et des oies, où la douche avant la piscine exige un savonnage complet et surveillé. Étrange pays où on se baigne dans des eaux naturellement chaudes et où il y a, si on veut bien y croire, des trolls et des elfes... Et, dans l'histoire que nous raconte le film, la jeune veuve redécouvre l'amour, ses errements et ses troubles ; le grutier tombe de haut et fait le grand plongeon, jusqu'à en perdre la mémoire ; Anna, la poétesse, est devenue conseillère municipale un jour sur deux. Étrange film qui donne de la sérénité et fait aimer la beauté lumineuse des gens, des pays.
Et aussi dernier film de sa réalisatrice, morte en août 2015, dont Robert Guédiguian a dit : " Quand Sólveig Anspach était parmi nous, je disais que c'était notre porte bonheur. Maintenant qu'elle nous a quittés, je dis qu'elle est notre ange gardien. "