« Je sors ton nom de la poussière, je le braise comme poisson,
je le lave des vieilles bières, et je dis : "Yopougon !"
J’assèche les flaques, je me sape dans le béton,
j’écrase les espaces verts et je dis : "Yopougon !" »
"Mil neuf cent quatre-vingt-dix" - Henri-Michel Yéré
"Mil neuf cent quatre-vingt-dix" – Henri-Michel Yéré
Je ne suis pas un lecteur de poésie. Je n’ai aucune idée de comment parler de poésie. Je suis fan des mots, afficionados de tous ceux qui sont des maitres à jouer avec les syllabes, mais je suis tétanisé dès qu’il s’agit de disserter sur de la poésie. Cependant, même non friand de poésie, à priori, j’ai plongé avec plaisir dans le recueil "Mil neuf cent quatre-vingt-dix" de Henri-Michel Yéré. L’homme, rencontré dans les travées du salon africain au salon du livre de Genève, est un être affable, volubile, pertinent et surtout passionné par son art. Nous avons passé de très longs et sympathiques moments d’échanges et, peut-être, mais peut-être seulement, mon jugement sur son œuvre s’en trouverait affecté si je me contentais de ma façon habituelle, analytique, de faire la recension d’un livre. J’ai choisi donc de lire et de, extrêmement humblement, parler de ce court recueil de poèmes en tentant, laborieusement, de me glisser dans les pas d’un slammeur-poète. Alors, entrons dans la danse des mots, entrons ici.
En souvenir d’une intervention du slammeur Capitaine Alexandre :
Ici, le déversoir des maux d’un Ivoirien au flow rugissant. Ici, on entre dans l’art originel pris par la main par un poète original. Ici, on piste le sang sans l’air, à cent pour cent, d’y toucher. Ici, on pleure Yopougon on porte le Lagon en deuil. Ici, nulle quête de sens du texte, juste la sensibilité de l’âme. Ici, le poète dit de vivre la poésie et de ne pas s’acharner à l’analyser. Ici, je vis dans ma zone d’inconfort. Et sans l’once d’un doute, j’aime certains des courts, longs, textes qui ouvrent la première partie de ce récit.
Henri-Michel Yéré ne me rend pas la tâche facile. Je suis souvent perdu, mes yeux glissent sur les mots sans que mon cerveau n’en capte totalement les sens. L’homme, je le sais, est disciple d’Aimé Césaire. Normal direz-vous. Normal donc que j’ai du mal, moi qui ai tenté par 5 fois de venir à bout du "Cahier d’un retour au pays natal", normal que les mots, parfois, me heurtent plus qu’ils ne s’imprègnent.
Des mots, des mots, des mots...
C’est donc ça un recueil de poèmes ?
Des déclames furieuses des douleurs
Des réclames égotrips du fait poétique
Des textes qui dansent aux limites de nos compréhensions
Des exclamations qui hurlent Yopougon !!
Des nuits qui se pavent de gravités à siroter
C’est donc ça "Mil neuf cent quatre-vingt-dix" ?
Se laisser porter par Henri-Michel Yéré ?
Plonger à la suite de son écriture instinctive ?
...
Alors, même loin de ton emphase
À des lieux d’une extase
inspirée
Je surfe sur la pondaison du vulgaire
d’un titre à buzz loin de l’OVNI littéraire
Pour hurler mon plaisir à l’ami poète
"Merci pour ce moment !!"
"Mil neuf cent quatre-vingt-dix"
Henri-Michel Yéré
Éditions Panafrika - Silex, nouvelle éditions du Sud