Je viens de lire, coup sur coup, deux romans que les décennies et les pays séparent, mais qui n’en présentent pas moins une étrange parenté. Celle de mettre en scène des personnages qui vont se révéler tout autre que ce qu’en a toujours perçu leur entourage, des personnages qui, à l’encontre de leur apparente innocence, vont être générateurs de terribles drames.
Hawkins crée une atmosphère angoissante et addictive en poussant Rachel, la fille du train, à poser des gestes qu’elle sait indésirables et dangereux, cependant qu’elle est gouvernée par une irrépressible pulsion, laquelle prendra tout son sens que dans la conclusion du drame.
La fille du train est le genre de livre qu’on peut difficilement refermer avant la fin. Il m’a fait reporter de quelques heures celle du dodo, tenant l’ensommeillement en respect. J’étais plongée jusqu’au cou dans le plaisir coupable que me procure la dévoration de ces suspenses et polars de tout acabit dont je n’étais pas une habituée avant de faire la connaissance d’Henning Mankell. Coupable parce que la vie est si courte et l’univers littéraire si vaste! Mais je succomberai sûrement encore à l’envoûtement de ces lectures haletantes.
Georges Simenon, La chambre bleue, Presses de la Cité, 1964, 188 pages
Paula Hawkins, La fille du train, Sonatine, 2015, 379 pages