non seulement s’éteint quelque chose de plus grand
que la lumière :
l’ombre s’allume aussi.
Il devrait y avoir néanmoins des lampes
qui serviraient exclusivement
à allumer l’ombre.
N’y a-t-il pas des regards pour ne pas voir,
des vies seulement pour mourir
et des amours qui ne sont faits que pour l’oubli ?
Il est au moins des ténèbres de prédilection
qui méritent leur propre lampe d’obscurité.
*
Cuando se apaga la última lámpara
no sólo se apaga algo mayor que la luz:
también se enciende la sombra.
Debería haber sin embargo lámparas
que sirvieran exclusivamente
para encender la sombra.
¿No hay acaso miradas para no ver,
vidas nada más que para morir
y amores sólo para el olvido?
Hay por lo menos ciertas tinieblas predilectas
que merecen su propia lámpara de oscuridad.
***
Roberto Juarroz (1925-1995) – Sexta poesía vertical (1975) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Roger Munier