Une équipe d'archéologues a analysé les restes d'un squelette de l'empire Tu’i Tonga afin d'en savoir plus sur le bilan humain au cours de cette période d'instabilité politique. Avec la permission du Royaume des Tonga, les archéologues de l'Université d'Otago de Nouvelle-Zélande ont analysé des dents de bébé provenant de deux tertres funéraires sur le site préhistorique d'Atele, sur l'île de Tongatapu, cœur de l'ancien empire.
Les squelettes ont été datés entre 1500 à 1800 après JC, une époque où le commerce florissait mais aussi où les différences entre les classes sociales s'accentuaient.
Au cours de cette période, le chef suprême de l'Empire Tu’i Tonga fit bâtir d'importants édifices en réquisitionnant le surplus de production des classes inférieures.
En quelques siècles, ces classes sociales, et l'empire lui-même, se sont fracturées suite à la guerre et des conflits politiques internes.
Le site archéologique d'Atele, avec ses importants échantillons de squelettes d'enfants et bébés, permet aux chercheurs de répondre aux questions concernant la santé, les maladies et les stress physiologiques au cours de l'enfance.
La propagation des maladies infectieuses et épisodes périodiques de famines, suspectées par les les archéologues, ont probablement affecté les populations vulnérables plus durement.
Afin de tester leur hypothèse, l'équipe, dirigée par le dentiste Rami Farah et la bioarchéologue Siân Halcrow, a utilisé la microtomographie à rayon X (XMT). Ils ont pu ainsi examiner de plus près ces anciennes dents d'enfants et détecter des traces de décoloration dues au stress physique.
Farah et ses collègues ont trouvé des différences significatives entre les dents de bébé décolorées et non décolorées sur les sites funéraires d'Atele. C'est-à-dire que les dents décolorées résultent d'un stress physique survenu tôt dans la vie, et non pas due aux conditions du milieu d'enfouissement.
Halcrow explique que les "découvertes, sur les dents, de stress précoce dans la vie sont des preuves pathologiques de maladies infectieuses et métaboliques, pour de nombreux enfants du site."
Ces défauts de l'émail que l'équipe a découvert peuvent-être liée à l'infection d'une maladie comme le pian, mais aussi à d'autres infections tropicales courantes comme l'ankylostome, ou de la sous-nutrition périodique, qui peuvent toutes avoir une incidence sur le métabolisme d'un enfant qui grandit et se traduire par un faible développement des dents et des os.
"Cet article" écrivent les chercheurs, "est le premier pas pour apporter une meilleure compréhension de l'histoire des vies de ces enfants et bébés au cours de la période des chefferies à Tonga, une période de renforcement de la hiérarchie et des interactions à travers les réseaux commerciaux."
Plus important, cependant, cette nouvelle étude représente une nouvelle façon d'étudier la santé des très jeunes enfants dans le passé. Les archéologues ont l'habitude d'examiner les dents des adultes pour trouver des traces de défauts dans l'émail. Comme les dents poussent en continue au cours de l'enfance, leurs défauts sont liés au stress que la personne a traversé pendant l'enfance.
Mais qu'en est-il de ceux qui n'ont pas eu de petite enfance ?
"Avec les méthodes précédentes", précise Halcrow, "nous ne pouvions observer que les individus ayant survécu à leur petite enfance". Elle explique que cette nouvelle technique, qui identifie les défauts dans les dents précoces, "nous a permis d'identifier tout stress en début de vie concernant les enfants qui ont succombé à la maladie au cours de cette période d'instabilité politique et sociale."
L'équipe a jusqu'ici appliqué sa nouvelle méthode pour regarder le stress vécu par les personnes les plus vulnérables vivant dans ce puissant empire dans les îles du Pacifique. Ils prévoient cependant de mener d'autres recherches de ce type dans le futur.
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