Le Premier ministre Manuel Valls, le 15 juillet 2016 à l'Elysée I AFP Thomas SAMSON
Dans un entretien au journal Le Monde, Manuel Valls propose une "remise à plat" de l'islam de France, en se disant favorable à la formation des imams dans l'Hexagone. Le chef de l’exécutif souhaite interdire temporairement le financement étranger des mosquées, tout en promettant d'être "impitoyable" avec ceux qui cherchent à faire des musulmans les "boucs émissaires". Alors que le gouvernement avait refusé de reconnaître la moindre faille dans la tuerie de Nice le 14 juillet dernier, malgré des critiques sur le dispositif de sécurité, Manuel Valls a prononcé pour la première fois le mot d'"échec" concernant l'attaque de Saint-Etienne-du Rouvray, même si la critique vise la justice et pas directement le gouvernement.Interrogé sur la décision de justice anti-terroriste de placer sous assignation à résidence Adel Kermiche avec bracelet électronique, le chef du gouvernement a répondu : "C'est un échec, il faut le reconnaître". "Cela doit conduire les magistrats à avoir une approche différente, dossier par dossier, compte tenu des pratiques de dissimulation très poussées des jihadistes", estime le Premier ministre, tout en affirmant qu'il ne sera pas "celui qui, au mépris de tout équilibre des pouvoirs, tomberait dans la facilité de rendre ces juges responsables de cet acte de terrorisme". Le locataire de Matignon reste toutefois intraitable sur les accusations des dispositifs de sécurité niçois et de "mensonge d'Etat" portés par certains élus de droite, notamment celles de Christian Estrosi.Pas de démissions"Les accusations graves et nauséabondes sur un prétendu mensonge d'Etat doivent cesser", après la remise d'un rapport de la "police des polices" qui estime que le dispositif n'était pas "sous-dimensionné". "Non", Bernard Cazeneuve n'a pas songé à démissionner, comme le réclame à droite Laurent Wauquiez, bras droit de Nicolas Sarkozy. "Est-ce que tout a été fait ? Est-ce que nous avons pris conscience du phénomène ? Je réponds oui". "Certains cherchent à discréditer la gauche en alimentant les peurs pour se constituer un capital politique. Mais ni la primaire de la droite, ni l'élection présidentielle ne justifient de telles attitudes. Nicolas Sarkozy perd ses nerfs. Etre lucide face à la menace, ce n'est pas basculer dans le populisme", lance Manuel Valls, qui veut casser le "tryptique" de la "peur", de la "surenchère" et du "populisme", pour lui "opposer la vérité, le sang-froid et le respect de l'Etat de droit". Manuel Valls met en garde contre ceux qui voudraient transformer en "boucs émissaires" "des millions de musulmans dans notre pays (qui) jouent loyalement le jeu démocratique et adhèrent à nos valeurs républicaines". Le ministre promet d'être "impitoyable" avec ceux qui veulent voir dans les musulmans "le coupable idéal". JB-M