La Route du Rock – L’interview des programmateurs Alban Coutoux et François Floret
La Route du Rock, c’est le festival le plus cool que vous pouvez trouver en France si vous êtes fans de gros rock, de musiques indés mais aussi de live électroniques et de Bretagne… 🙂 Pour sa 26ème édition, le festival retrouve les remparts de Saint-Malo et ceux du Fort Saint Pierre avec une programmation encore une fois haute en couleur. De Savages à Pantha Du Prince, de Fidlar à Gold Panda en passant par Fat White Family et The Field, François et Alban (les programmateurs) ont mis les petits plats dans les grands pour vous concocter un programme plus qu’alléchant. Au Limo on est allé leur poser quelques questions, pour, entre autres, savoir comment on faisait la chasse aux « vrais » groupes de « rock » en 2016, quels musiciens ils aimeraient ressusciter et accessoirement se pencher un peu sur leur métier/passion. Entre humour et expérience de vieux briscards, voici leurs réponses…
Salut François et Alban. est-ce que vous pouvez nous présenter la Route du Rock et sa direction artistique en quelques mots ?
François : En quelques mots, c’est toujours compliqué, mais ce qu’on dit de nous c’est qu’on est « indépendant ». Ce qui ne veut tout est rien dire désormais, mais pour la Route du Rock ça signifie que ça commence historiquement dans les années 80 avec les labels indés et les groupes qui voulaient sortir des circuits économiques classique, et 26 ans plus tard c’est continuer à essayer de mettre en avant des groupes intéressants, qui, même s’ils sont dans des circuits économiques différents, continuent de nous livrer de la bonne musique. A côté de ça, nous sommes nous même totalement indépendant dans notre organisation, ce qui doit participer à cette image de festival qui prend des risques.
C’est pour ça que vous avez choisi Saint-Malo pour implanter la Route du Rock ? Il y a un petit côté anticonformiste là dedans !
François : C’est un concours de circonstances en fait. On est rennais à la base, quand un malouin est venu nous chercher en 1986 pour nous proposer de faire ça là bas. On avait notre radio rock qu’on avait monté, j’étais animateur et un jour on a reçu Ludovic qui venait nous présenter des concerts qu’il faisait à Saint-Malo. De fil en aiguille (et parce qu’on est en Bretagne, ndlr), on a sympathisé, on a bu un coup et on a décidé de faire des concerts ensemble. Comme les Transmusicales avaient déjà bonne presse à Rennes, on a choisi de partir près de la mer, de faire un jeu de mot débile sur une célèbre course de voilier et l’aventure a débuté ainsi.
Aventure qui a bien évolué au fil du temps, puisqu’on peut désormais assister à 2 éditions de la Route du Rock par an (une l’hiver et une l’été). Combien de temps vous passez à organiser chaque édition ?
Alban : Oh bin une petite semaine ! (rires)
François : Oui le reste du temps on écoute de la musique et on boit de la bière c’est cool ! (rires)
Alban : En vrai c’est compliqué de répondre à cette question parce que la programmation que tu proposes, c’est toi et toute la musique que tu as pu écouter dans ta vie. On écoute de la musique constamment, donc après c’est juste un travail de budget, de planning et d’organisation qui se fait. Alors bien sur, tu dois respecter des étapes, tu as des délais entre autre pour le montage du site, mais pour ce qui est de la programmation en tant que tel c’est un travail en continu. C’est impossible pour nous d’écouter un disque sans penser à notre boulot.
François : Et c’est particulièrement vrai depuis qu’on a rajouté la deuxième édition.
Vous ne fonctionnez qu’aux coups de cœur ou bien vous vous imposez des quotas ?
Alban : Non pas de quotas chez nous ! On ne s’interdit rien en fait. Nous avons quelques habitués du festival, que l’on suit depuis le début et que l’on retrouve régulièrement comme Belle & Sebastians, Savages ou Battles, qu’on est ravie d’accueillir à chaque fois. Surtout que ces groupes continuent de produire de la très bonne musique, selon nous. Ensuite, lorsqu’un nouveau groupe émerge et que sa musique peut s’inscrire dans l’ADN du festival, on est tout aussi ravie de pouvoir le proposer au public et de les faire venir chez nous.
Et pour la chanson française, on vous embête pas avec ça ? Faut-il absolument jouer sur « l’exception » française pour marcher dans l’hexagone ?
François : C’est un débat que l’on a depuis des années en fait. Sans vraiment nous attaquer, on nous a déjà fait plein de fois la remarque qu’on était très anglo-saxons dans nos choix, alors qu’on a aussi programmé plein de groupes français.
Oui et puis, c’est pas de votre faute si les anglais font du meilleur rock… 🙂
François : Je nuancerais ça en fait. Les groupes français ont un problème de contexte : ils ont un public exigeant, et c’est super difficile de s’exprimer dans cette langue sans se faire rapidement juger. Alors que pour la plupart des groupes anglais, si on traduisait les paroles, ça serait pas très bon, mais comme c’est dans une autre langue ça passe.
Alban : Il y a une tradition littéraire dans la chanson française qui est super lourde pour les artistes en plus. C’est un poids de passer après Gainsbourg, Brel ou Ferré quand même.
A propos d’héritage, puisque ça fait 26 ans que vous vous trouvez entre les murs de Saint-Malo. Vous avez déjà pensé à en sortir ?
François : C’est pas vraiment notre plan mais ce n’est pas exclu non plus. Et on ne partirait pas à cause de la météo (selon les statistiques *non officielles* données par notre interlocuteur, il n’a pas tant plus que ça à la route du rock, ndlr) mais plutôt à cause d’un soutien financier et moral des institutions qu’on pourrait jalouser ailleurs. On est accepté dans la ville, on s’entend très bien avec les gens de la mairie, mais jamais non plus avec une réelle volonté de s’approprier l’évènement. Il y a moins de 5% de malouins qui viennent au festival, et seulement 15% si on compte toute l’Ille-et-Vilaine : c’est un festival national avant d’être local. Donc on se dit qu’on pourrait être ailleurs finalement les gens viendraient quand même.
Pour revenir sur la programmation, si vous aviez un groupe que vous reveriez de voir à la Route du Rock, ce serait qui ?
François : Je répondrais Arcade Fire mais va falloir que vous me prêtiez 1 million ! (rires)
Alban : On cite toujours ce groupe là parce qu’il est évident, c’est vraiment le cliché du rock indé.
François : Remarque peut être qu’à force de le dire à tout le monde ils vont finir par venir ! (rires)
Et si vous aviez le pouvoir de ressusciter un groupe pour un dernier concert chez vous ?
François : David Bowie !
Alban : Le Velvet, mais celui de 67 !
François : Et Johnny Cash aussi.
Alban : Avec Joy Division en clôture. Une édition « All Stars » ! Au delà de ça, le travail de programmateur, et ce que j’aime dedans, c’est pas de programmer un Radiohead ou un Arcade Fire même si forcément t’es content. Non le vrai côté sympa et intéressant du job c’est d’aller dénicher des pépites pour les présenter au public.
Après avoir parlé de toutes ces mythiques figures du rock, est-ce que vous pensez que le rock est mort en 2016 ?
Alban : Il n’est pas mort, c’est juste que, comme le jazz à une certaine époque, il connait une certaine institutionnalisation qui peut brider la création des nouveaux groupes. Le rock c’est le côté juvénile, où l’émotion prime sur la technique, et il y a plein de groupes jeunes qui retourne à ce côté primaire. Vous allez toujours trouver des puristes pour dire « le rock est mort avec Syd Barrett », « le rock est mort avec Syd Vicious » etc, mais non c’est juste qu’il change et tant mieux, ça veut dire qu’il est toujours vivant !
Du coup vous avez forcément découvert des groupes qui déchirent récemment ?
François : Regardez la programmation du festival, vous allez en retrouver beaucoup !
On demande donc l’avis du programmateur : quels sont les 3 groupes qu’on va voir absolument cette année si on vient vous voir ?
François : Minor Victories, La Colonie de Vacances (un concept où 4 groupes joueront en même temps, Papier Tigre, Electric Electric, Pneu et Marvin, ndlr) et Savages.
Pour terminer, la question du Limo : si vous étiez une boisson, vous seriez quoi ?
François : Un rhum arrangé.
Alban : Pour pas passer pour un alcoolique, je vais dire un Perrier citron. (rires)
Et si la Route du Rock était une boisson ?
François & Alban sans hésitation : La bière ! On est quand même le second plus gros festival français en terme de débit de bière derrière le Hellfest.
Merci beaucoup François & Alban pour toutes ces réponses.
Pour avoir toutes les infos sur la Route du Rock, c’est par ici.
Peace !
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Clémence DL
Chroniqueuse rock du Limo mais ouverte d'esprit.Sur une île déserte, j'emporterais "Meddle" de Pink Floyd et "Ziggy Stardust" de David Bowie.
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