Les différents tomes de ce triptyque consacré aux figures féminines (réelles ou fictives) de la Commune pouvant se lire de manière totalement indépendante, j’ai donc choisi de lire ce tome dessiné par Lucy Mazel après avoir lu ceux mis en images par Anthony Jean et Xavier Fourquemin.
Pourtant, ce récit imaginé par Wilfrid Lupano nous plonge dans les prémices de la Commune et se situe donc chronologiquement avant les deux autres. Le lecteur y découvre en effet une ville de Paris assiégée par les troupes prussiennes, dont les habitants les plus démunis souffrent de faim et de froid. Durant le siège, les femmes cherchent à se faire entendre et les mouvements féministes revendiquant l’égalité sont de plus en plus présents.
Parmi ces femmes qui veulent combattre sur les barricades et essayent de faire entendre leur voix, il y a Octavie Granger, omniprésente dans les meetings politiques et féministes. Mais il y a surtout sa fille Victorine, qui, à l’image du célèbre Hannibal, rêve de combattre les troupes de Bismarck sur le dos de Pollux et Castor, deux éléphants du Jardin des Plantes auxquels elle s’est liée. De cette petite, dont l’innocence et le goût pour l’aventure font du bien au milieu de toute cette misère, à sa mère, en passant par ses amis et sa tatie Jeannon, Wilfrid Lupano dresse des portraits de personnages particulièrement attachants.
Si, dans le cas présent, l’héroïne est un personnage totalement fictif, Wilfrid Lupano livre tout de même un récit didactique qui permet d’en apprendre plus sur cette page méconnue de l’Histoire de Paris. Alors que le tome consacré à la belle et téméraire Elisabeth Dimitrieff se déroulait durant la commune et que celui dessiné par Xavier Fourquemin s’intéressait également aux événements qui ont suivi cette rébellion, celui-ci se concentre sur la période qui a précédé la Commune, notamment en relatant le destin tragique des animaux du zoo.
Visuellement, cet album m’a permis de découvrir le dessin de Lucy Mazel, une jeune dessinatrice talentueuse dont le style m’a immédiatement plu, que ce soit au niveau de l’expressivité des personnages, de la restitution du Paris de la fin du 19ème siècle ou lors des rêveries de la petite Victorine.
Une bonne trilogie !