C'est l'hécatombe. Depuis janvier, chanteurs, intellectuels, comédiens et cinéastes s'évaporent, disparaissent. On apprenait ce week-end encore le décès de Michael Cimino, l'auteur de Voyage au bout de l'enfer, ou des Portes du Paradis. Hier, c'est l'artiste iranien Abbas Kiarostami qui nous quittait, laissant derrière lui de très beaux films, parfois risqués et engagés, souvent poétiques et essentiels.
A l'annonce de sa mort, il nous est aussitôt revenu en tête une scène du Goût de la Cerise, palme d'or cannoise en 1997. Contemplatif, lent, mais d'une beauté et d'une force sidérante, ce chef d'oeuvre du cinéma iranien, dont Kiarostami était une figure majeure, contenait une puissante déclaration d'amour à la vie.
Un vieillard expliquait à un cinquantenaire désabusé, la beauté et la préciosité de la vie. Dans une longue tirade, le vieil homme explique comment le goût de vivre lui était revenu après avoir goûté la chair d'une simple mûre. Puis, avec une plaisanterie, il rappellait la nécessité de la relativité, et de l'optimisme.
L'optimisme, l'espoir. C'est justement ce dont nous manquons cruellement, d'autant plus durant ces derniers mois, troubles. Alors perdre Abbas, c'est un peu comme éteindre la flamme d'une des bougies qui nous guide dans la pénombre. Quand donc cette série noire, écrasant peu à peu de nombreuses petites flammes, finira-t-elle par cesser ?