Pesticides : le rapport embarrassant de l'Anses" /> Pesticides : le rapport embarrassant de l'Anses" border="0" title="ENVIRONNEMENT > Pesticides : le rapport embarrassant de l'Anses" />
Photo d'illustration / l'usage de pesticides I Pixabay.com / domaine public
L’Anses a publié, lundi dernier, son rapport sur les expositions professionnelles aux pesticides. En préambule, l'organisme rapporte qu'il s'est "autosaisi en 2011 pour mener une expertise collective visant à identifier, évaluer et caractériser les expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture", soit 1 million de personnes. L’agence rappelle aussi que "de nombreuses études épidémiologiques mettent en évidence une association entre les expositions aux pesticides et certaines pathologies chroniques" (au rang desquelles "certains cancers (hémopathies malignes, cancers de la prostate, tumeurs cérébrales, cancers cutanés, etc.) et certaines maladies neurologiques (maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer, troubles cognitifs)".Pesticides en milieu agricole : évaluation sévèreAvant la fin du mois de juin, quelques extraient de ce rapport avaient fuité, et devant certains constats alarmants, des ONG craignaient qu'il ne sorte jamais publiquement. Désormais chose faite, même sans conférence de presse, force est de constater que les conclusions des 1.000 pages ne sont pas positives. L'Anses pointe de nombreuses lacunes, tant au niveau scientifique (les données manquent à évaluer l'exposition à certaines populations) que réglementaires ("les experts mandatés par l’agence critiquent les procédures d’homologation conduites par l’agence elle-même", s'étonne à juste titre nos confrères de La Croix. Le rapport indique qu'"aucune organisation en France n’est en charge de produire [ces données]. Ces données, qui peuvent également être utilisées dans le cadre de l'homologation des produits, sont pour certaines produites par des organismes non indépendants (ayant un intérêt économique à la vente de pesticides, soit directement via la vente de produits, soit indirectement via la commercialisation de produits d'aval)".Que faire ? L'Agence demande de manière globale une "diminution des expositions par la réduction du recours aux pesticides". Elle recommande également un renforcement, "dans un cadre indépendant (...) des actions de conseil et de formation des utilisateurs de pesticides, notamment sur les dangers, les risques et la sécurité d’utilisation". Mais il faut aussi "améliorer les connaissances sur les expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture", en renforçant notamment "les travaux relatifs à la connaissance des expositions aux mélanges de pesticides". Monsanto vs Paul FrançoisMonsanto, reconnu responsable de l'intoxication de l’agriculteur charentais Paul François, a confirmé le 11 septembre 2015 son pourvoi en cassation, estimant que la Cour n'avait confirmé que "partiellement" le jugement de première instance. "La décision n'est pas définitive et il appartiendra aux juridictions civiles, notamment à la Cour de cassation, de se prononcer sur la question de la responsabilité de Monsanto dans cette affaire", avait déclaré dans un communiqué le géant mondial des semences, des OGM et de l'agrochimie. Dans son arrêt, la Cour d'appel indiquait qu'il est "établi" que Paul François "a été hospitalisé le 27 avril 2004 à la suite d'une inhalation accidentelle d'un produit Lasso fabriqué ou en tout cas commercialisé initialement par la société Monsanto". Selon le groupe, la cour a reconnu que "l'étiquette du Lasso précisait très clairement l'obligation de porter un vêtement de protection approprié, des gants et un 'appareil de protection des yeux et du visage'". Mais la juridiction a aussi estimé que Monsanto avait "failli à son obligation d'information et de renseignement, omettant particulièrement de (...) préconiser l'emploi d'un appareil de protection respiratoire, notamment pour le nettoyage des cuves. Si l'attention de M. Paul François avait été plus spécialement attirée sur les risques graves pour la santé générés par l'inhalation du produit précédemment contenu dans la cuve, ce qu'il n'ignorait pas, il aurait nécessairement agi avec plus d'attention en prenant les précautions qui auraient dû précisément être recommandées sur l'étiquette ou le contenant du produit", a poursuivi la Cour, concluant que le "lien de causalité entre le non-respect de l'obligation d'information et le préjudice est donc établi". Jugé dangereux, le Lasso a été interdit en France en novembre 2007. Il avait été retiré du marché au Canada dès 1985, puis en 1992 en Belgique et au Royaume-Uni. Selon l'agence de presse française en charge du groupe americain, contacté par Quotidien Libre en fin de matinée, "le dossier suit son cours". FG