Le plus incroyable, c'est que l'idée de départ n'est absolument pas délayée dans des sous-intrigues avec moultes personnages secondaires et digressions. À vrai dire, ils ne sont que trois, dont un qu'on ne voit que très épisodiquement. Dans la peau du cultissime Jean-Christian Ranu, Daniel Auteuil contredit tout le mal qu'on pensait de lui niveau comédie. Très souvent seul à l'écran, il donne à son personnage une dégaine absolument inénarrable, montrant à monsieur Franck Dubosc qu'on peut jouer un ringard fini sans patauger dans le mépris et la facilité. Face à (ou plutôt à l'intérieur de) lui, Alain Chabat campe un Gilles Gabriel mort mais pas trop, star des années 80 persuadée qu'elle peut être le leader du fameux revival des eighties. Sa voix est l'un des moteurs du film, et il prouve une fois encore qu'il est l'un de nos tous meilleurs acteurs, capable de jouer absolument n'importe qui et n'importe quoi en visant toujours droit dans le mille. Quant à Marina Foïs, dans un rôle secondaire mais fondamental, elle est extrêmement bien dirigée, dont très bien (c'est-à-dire qu'elle ne fonce pas tête la première dans ses quelques tics robindesboisesques parfois gênants).
Montée en puissance permanente, La personne aux deux personnes ménage de grands moments d'hilarité, ceux-ci se faisant de plus en plus nombreux à mesure qu'avance un film ne se perdant jamais en route. Impossible d'en dire plus, mais il faudra attendre la scène de la grande réunion de la Cogip au Palais des Congrès, puis ce fameux épilogue intervenant pendant le générique de fin, pour être totalement happé par l'immense puissance comique de ce grand spectacle, drôle et intelligent, qui confirme que Nicolas & Bruno sont des touche-à-tout de génie, capables de dynamiser et dynamiter une comédie à la française qui en a sacrément besoin. Imparable.
8/10