540° Attentats : Un festin pour les vautours...

Publié le 28 juillet 2016 par Jacques De Brethmas

Les attentats qui souillent le calendrier du pays de leurs taches rouges posent déjà, sur le fond, un problème de cohésion nationale.
C’est bien le but poursuivi par Daesh. Tenter de remplacer la force des armes par la force de la bêtise. On peut toujours essayer, l’histoire montre que la plupart des dictateurs ont été un jour plébiscités par leur peuple, et le sont encore maintenant, si on jette un regard vers la Turquie.
Rien de tel que de faire croire aux gens qu’on veut leur bien, -et leur grandeur, un peu de flatterie ne nuit pas-, pour en faire des serviteurs plus que zélés, complètement aveugles et amoralisés.

Non pas démoralisés, -ils ont même un moral d’acier-, mais amoralisés. C’est à dire que le chef les a écervelés, les a débarrassés de toute initiative personnelle, de toute capacité de jugement, de tout humanisme, du « je pense donc je suis » qui les rendait humains. Ce ne sont plus eux qui pensent, c’est le chef. Le chef pense bien, le chef a toujours raison. Si le chef dit de tuer, c’est que tuer c’est bien.
C’était d’ailleurs la ligne de défense de tous les tortionnaires nazis subalternes qui ont été jugés après la guerre : « Ce n’était pas à nous de juger, ce sont les chefs qui pensent pour nous et qui donnent les ordres ».
Tout fascisme est basé sur ce type de dilution des responsabilités, ceux du bas disant qu’ils n’étaient que des mains et qu’on a pensé pour eux, et ceux du haut qu’ils n’étaient que des cerveaux et que leurs mains n’ont pas tué. Dans le cas de Daesh, le subterfuge est même encore amélioré : ceux du haut ont reçu l’ordre d’encore plus haut que leur hauteur : c’est la parole de leur dieu qui fait d’eux de modestes servants et d’irresponsables instigateurs.
Force est de reconnaître que si ce dieu là existe, il est méchamment pervers : sous le couvert de l’amour du prochain qui reste gravé dans ses écritures, il conçoit une politique de déstructuration sociétale, de déconstruction de l’unité nationale, il organise à qui mieux-mieux la haine communautariste, la division fratricide et la désorganisation des structures du « vivre ensemble ».
Et là, Daesh trouve des alliés, aussi objectifs qu’inconscients. Rappelons ce que sont des alliés objectifs. Ce sont des gens qui n’ont pas d’intérêts dans le but de l’alliance qu’ils scellent, mais qui la scellent néanmoins parce que cette alliance, en tant que telle, sert indirectement leurs intérêts.
Le but des terroristes étant clairement défini dans la dislocation des institutions nationales et l’instigation de troubles internes et de guerres civiles dont ils croient devenir un jour les messies pacificateurs, pas besoin d’être grand prophète pour comprendre que la sauvegarde de cette cohésion républicaine est le terrain nécessaire et privilégié de la lutte contre leurs méfaits.
N’oublions pas que figure en toutes lettres dans leur doctrine le principe que la loi de dieu est la seule valable en lieu et place des lois des hommes, au point que les plus obtus d’entre eux, prenant cette maxime à la lettre, préconisent que les « bons Musulmans », pour bien mettre en pratique ce mépris des institutions humaines, ne doivent pas voter. Voter est, d’après eux, un acte blasphématoire, une sorte d’allégeance à un pouvoir qu’ils ne reconnaissent pas.
Pareil incivisme n’empêche pas certains imprécateurs frustrés de la politique française, -nous parlons de la France bien qu’il en soit de même dans d’autre pays-, de jeter de l’huile sur le feu de la discorde naissante pour espérer tirer quelque avantage du chaos qui en résultera. La place de messie est décidément très convoitée.
Pourtant, reconnaissons que nos édiles actuels sont plutôt bons dans leur façon de lutter contre le terrorisme. Autant je fustige leur politique sociale, leurs attaques inadmissibles contre la nationalité et le droit du travail, autant je les trouve sincères, efficaces et justes dans leur réactions aux attentats.
Il n’en est pas de même, hélas de certains de leurs opposants.
Ce n’est un secret pour personne que l’extrême-droite et la droite-extrême, (on risque procès en en rangeant certains sous le vocable d’extrême droite »…) prospèrent sur le chaos, et n’hésitent pas à contribuer à la déstructuration de valeurs nationales dont ils font pourtant leurs étendards pour tenter d’accéder au pouvoir.
Ces gens ne cessent de tenter de diviser la communauté nationale, la seule communauté valable, en groupuscules fermés dont les membres seraient tournés vers l’intérieur de leur chapelle au lieu de regarder vers l’union qui fait la force. Toutes leurs déclarations tendent, par des amalgames déplacés, à tourner les Français les une contre les autres. Des racines chrétiennes du pays à la loi du sol, de la croyance à la sexualité, de la couleur à l’ethnie, tout n’est chez eux qu’étiquetage vouant à la ségrégation. Qu’ils s’entre tuent, et les survivants viendront à nous… Vive la république, mais pas celle-là…

Ce ne sont pas leurs différences qui divisent les hommes, mais leur bêtise.


Parmi ces conjurés, dont la liste non exhaustive comprend les établissements Le Pen, Estrosi, Ménard, Wauquiez, Ciotti et quelques autres, on trouve les Sarkozy et autre consorts. Le petit monsieur, qui est, je le rappelle, membre du Conseil Constitutionnel, donc gardien du temple de la République **, vient de déclarer que l’état de droit n’est qu’une « argutie juridique, un prétexte » qu’il faut balayer pour lutter utilement contre les terroristes.
** Il est vrai qu'à Rome, le Capitole était gardé par des oies...
Pour Sarkozy, l’état de droit ne serait qu’un prétexte, une argutie juridique…

Et il en rajoute autant qu’il peut sans peur du ridicule…
Au tableau de déshonneur des petits soldats galvanisés par leurs chefs qui foncent aveuglément au casse-pipe, citons pour mention le cas de cette policière niçoise sans vergogne qui a cru bien faire en ameutant la presse sur des pressions dont elle déclare avoir fait l’objet. Peut-être rêvait-elle, dans ses fantasmes carriéristes, d’être un jour appelée par le cabinet du ministre…
Voire AU cabinet du ministre, puisque, d’après le Canard Enchaîné et d’autres, Estrosi se voit déjà place Beauveau après l’immanquable victoire de Sarkozy.
Remarquez qu’il y a eu de désolants précédents. En décembre, Valls déclarait, à propos de la déchéance de nationalité et des frondeurs, « qu’une partie de la gauche s’égarait au nom de soi-disant grandes valeurs ». 
Mais au moins, lui, n’y est pas revenu. Il a lu les critiques, sans doute compris son erreur, et on ne l’y a plus repris. Sa nature profonde avait brièvement émergé, mais il a au moins quelques limites que les autres n’ont pas.
Sarkozy, Ciotti et quelques autres persistent et signent dans leurs tentatives de dislocation des valeurs de la république, prétendant tantôt interner certains au nom de simples suspicions, expulser d’autres au nom de leur… de leur quoi ?, au fait…
Il y a du Donald Trump dans leurs exhortations, et il y a fort à craindre que le verdict des urnes américaines viennent à point nommé le renforcer dans ses égarements.

Nous avons assez dénoncé la capacité de nuisance de l’individu aux épaules tressautantes qui a gravement détricoté le tissu social du pays pendant qu’il était au pouvoir.
 Prenons garde qu’à coup d’assimilations mensongères, d’exagérations insultantes, d’amalgames grossiers et dévalorisants, il ne vienne à nouveau déchirer le lien social et le vivre ensemble qui sont et doivent rester nos valeurs fondamentales.
Ceci dit, Sarkozy et consorts ne sont pas les seuls vautours à instrumentaliser les attentats pour faire avancer leurs marottes. 

Le cardinal Vingt-trois, lui aussi, a pris son goupillon pour une matraque lors de la messe qu’il a célébrée à Notre Dame en mémoire du prêtre assassiné. Profitant de la présence de l’état-major du gouvernement, il a fustigé « la légalisation des déviances » dans une allusion aussi déplacée que moyenâgeuse au mariage pour tous.
On aurait pu croire l’église au-dessus de la basse politique. Son agent 0023 nous a prouvé que non.