Les quatre lascars du groupe Entre deux caisses chantent les textes fous d’Allain Leprest… De la poésie pure à Saint Nazaire de Ladarez dans une mise en scène de la chanteuse Juliette.
Cachés derrière un rideau noir qui fait office de coulisse de fortune, ils apparaissent un à un au pied d’une colline arborée qui aurait fait merveille pour un décor naturel du Songe d’une nuit d’été avec une Ariane Ascaride dans le rôle de Puck. Sur scène un dulcimer à marteaux, une clarinette, une guitare posée sur une chaise, un vague décor de terrasse de café…Ambiance récital de poésie…Les « Chantistes » (comme ce quatuor de musiciens d’Ivry sur Seine aime à se désigner lui-même) démarrent leur fanfare. Un feu d’artifice de mots, de rimes, de jeux de mots, de bouts rimés… Pour prendre la parole ou la voix, une seule condition se coiffer d’une casquette de marin volée à son propriétaire et évoquer le passé (entre 1954 et 2011 pour être précis !). Le passé et l’enfance.L’enfance et la ville.
Et d’autres thèmes. Parfois plus graves comme le refus de la mixité sociale à Neuilly sur Seine, les SDF, le rejet des pauvres…Mais toujours sur le mode aigre-doux. Avec leur look de choristes amateurs de noces et banquets militants, leur simplicité apparente on en oublierait presque qu’ils ont obtenu le Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros. On retrouve tous les grands du verbe dans leur récital. Même s’ils ne les reprennent pas explicitement on sent en filigrane la filiation de Brassens, des frères Jacques, de Prévert et tant d’autres. Car leur maîtrise de la langue est gage de grande culture. Leur humour, la trace palpable de leur engagement. Et on rit beaucoup en écoutant leur belle poésie, qui va jusqu’à railler la lénifiante bonne conscience humanitaire. Et pour cela on est prêt à aller très loin, comme faire rimer Pologne avec Limogne ou même Pute borgne. Un grand moment de chanson française et de spectacle vivant!