Une question m'est très vite venu à l'esprit lorsque j'ai pris connaissance il y a quelques mois de cela du sujet du dernier film de Stephen Frears, au demeurant un cinéaste que j'ai jadis adulé- à l'époque de the van ou Sammy et rosie s'en vont en l'air- mais qui a accuse une petite baisse de régime depuis plusieurs films, de philimoena a
Est ce que valait il la peine d'aller le voir en salles sachant qu'il raconte à peu près la même histoire que le dernier très beau film de Xavier Giannoli , ce "Marguerite" dont le rôle-titre été si superbement interprété par Catherine Frot ?
En effet, je me disais que cette histoire de cette cantatrice qui poussait loin l'art bien involontaire de chanter faux.et devenue un objet de risée des rares spectateurs qui assistaient à ces spectacles n'allait plus me dévoiler trop de surprises, un peu comme c'est le cas dans un remake américain d'un film européen que j'ai déjà vu ou alors lors de l'adaptation en salles d'un livre que j'avais lu et aimé
Sauf que là on n'est pas vraiment dans le même cas de figure et que le personnage réel de Florence Foster Jenkins celui que nous raconte Stephen Frears dans son dernier film n'a finalement pas grand chose à voir avec la Marguerite inventée et fictionnalisée par Xavier Giannoli- qui n'aime rien de mieux que de prendre des personnages réels pour s'en écarter totalement.
Frears, quant à lui - qui 25 ans après sa version des Liaisons dangereuses sortie en même temps ou presque que celle de Milos Forman se retrouve dans une situation un peu similaire prend une approche différente et assume beaucoup plus l'idée d'un biopic sur Florence Foster Jenkins comme le titre du film l'indique ouvertement.
Bref, bien plus un biopic classique certainement moins ambitieux que le Gioannoli- un de nos meilleurs cinéastes français-, Florence Foster Jenkins n'en est pas moins un excellent film qu'il faut saluer comme un très bon retour au sommet de Frears.
Le portrait de cette Castafiore à la fois ridicule et touchante, bénéficie notamment d'une reconstitution particulièrement chiadée de l'Amérique des années de guerre, avec notamment des décors et costumes de toute beauté, une photographie haute en couleurs et une partition musicalité de toute beauté- sans doute encore plus que chez Giannoli qui devrait ravir les mélomanes..
On retrouve dans le nouveau long métrage de Frears toute l'ironie tendre de son regard sur les sociétés, la sensibilité et la finesse de ses portraits qu'il avait un peu perdu ces derniers temps et sous couvert d'une biographie classique son analyse sur les travers d'une manipulation doublée du mensonge et de l'imposture ne manque de profondeur et d'intelligence.
Et comme chez Giannoli, le scénario ne perd jamais de vue la profonde sincérité qui émane de l'héroine c'est surtout avec tout son cœur qu'elle chante, et c'est surtout la passion de la musique qui l'anime malgré les faussetés, et c’est cela qui emporte l’adhésion in fine.
Et surtout on est particulièrement touché par le point de vue choisi par Stephean Frears puisqu'il nous fait découvrir le portrait de cette cantatrice à travers le regard aimant et ambigu de son mari impressario, Saint Clair, impressario sur de lui et acteur raté qui vit avec une jeune maitresse mais chérit encore sa femme malade et vulnérable.
Ce personnage extraordinaire est en plus incarné par un Hugh Grant que l'on ne se souvient pas d'avoir vu aussi bon depuis longtemps loin de ses rôles un peu mièvres dans des comédies romantiques qui l'étaient encore plus, et que tout le monde a chanté à raison les louanges, ayant tendance à éteindre la prestation pourtant plus sobre que d'ordinaire d'une Meryl Streep néanmoins touchante - et on oubliera pas de citer l'épatante révélation Simon Helberg,en pianiste incrédule et plein de rictus, qui peut faire penser au Tom "Amadéus" Hulce. .
Cette relation amoureuse est la clé ( de sol?) de la grande réussite du film de Stephen Frears.et le rend finalement complémentaire de "Marguerite"..on doute que cette version anglaise aura chez nous autant de succès que la française ( plus d'un million d'entrées) mais on aurait aimé qu'une sortie à un autre moment de l'année que le plein été lui donne un peu plus d'allant..
Florence Forster Jenkins : bande-annonce VOST (Meryl Streep, Hugh Grant)
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