J’en suis au troisième tome des chroniques de Gervais d’Anceny, nous commençons donc à être de bons vieux chums (!). C’est que l’on s’attache tout doucement à cet oblat qui, cette fois, a déserté son monastère dès la première page. Nous commençons à suivre sa mission et pas n’importe laquelle : par le prévôt de Paris, il est chargé d’apporter une missive de la part du roi et destinée au pape d’Avignon. Bref, il sert de pont au roi et au pape !
Cette affaire fera languir notre oblat, plutôt du genre impatient, puisqu’arrivé à Avignon, il devra attendre longuement des nouvelles d’un moine qui doit lui remettre un pli dans le plus grand des secrets. N’oubliez pas, ce sont des chroniques et, en tant que telles, il va de soi de relater des scènes par petites touches qui finissent par former un tout. Autrement dit, nous arpentons la ville et ses modes de vie en emboitant le pas de l’enquêteur et ses deux compagnons, Perrin et Valentin, pour ceux qui suivent la série. À travers ces allers et venues, nous découvrirons le splendide palais papal (ça se prononce bien, n’est-ce pas, palais papal !) avec sa bibliothèque exceptionnelle et ses cuisines à la fine pointe de la modernité d’alors.
Durant cette attente, comme l’esprit de Gervais d’Anceny est libre et disponible, un voisin de son hôte (un drapier) lui demande d’élucider la mort de son frère, déclarée naturelle, constatation devant laquelle il éprouve de sérieux doutes. Notre Gervais saute sur l’occasion pour tuer le temps, sans croire à fond aux doutes du voisin. Cette enquête inespérée lui permettra d’entrer dans l’univers des négociants, fouillant un domaine qu’il connaît peu : la fabrication de la pâte à papier dans des moulins à la technologie assez inusitée. En tout cas, inusitée à nos yeux !
En résumé, il y a deux intrigues et elles occupent le lecteur sans le submerger. Je dirais même, nous sommes loin d’être submergés, puisque tout se déroule au ralenti, nous faisant clairement percevoir le temps passant à un autre rythme par ces temps anciens. On a le choix d’en être agacé ou d’admirer les us et coutumes de ce siècle où rien ne se passe comme maintenant.
L’enquête nous fera mettre le chapeau de la culpabilité sur la tête de un ou de l’autre personnage, dont une splendide dame, la veuve du défunt qui est maintenant l’épouse de son frère. Les écheveaux se démêleront petit à petit, et je le répète, il n’y a pas de presse en la demeure. Grand bien fasse à Gervais D’Anceny qui ne sera pas toujours au maximum de sa forme. Euh … en aurais-je trop dit ?
Deux solides intrigues qui se tiennent et tiennent en haleine en autant que l’on se module à un rythme qui prend son temps.