II convient d'accueillir. avec quelques réserves la nouvelle donnée par un journal humoristique américain, Town topics, comme lui venant de Munich, et d'après laquelle on aurait trouvé, en compulsant les papiers du roi Louis II de Bavière le monarque ami de Wagner, un opéra que ce dernier aurait composé et qui porterait le titre de Sarah.
Il parait que musique et libretto sont terminés et que même des détails de mise en scène ont été fixés. Une note de Louis II apprendrait pour-quoi l'on n'entendit jamais parler de cette œuvre écrite pour le roi seul, elle devait être représentée devant lui et ses invités seulement. Mme Wagner revendiqua ses droits de propriété sur la partition, mais les juges furent d'avis qu'elle constituait un patrimoine national. Le sujet, comme le titre l'indique, a été tiré de la Bible.
Le premier acte. sert d'introduction. La création du monde est représentée musicalement et scéniquement. Un chœur immense d'anges invisibles se fait entendre.
Les personnages du drame sont Abraham, Sarah, Agar, Isaac et Ismaiil. Diverses scènes représentent le Déluge, la Destruction de Sodome et de Gomorrhe.
La finale est une apothéose des prophètes et des sybilles, figurés par des hommes et des femmes jouant de la harpe, du violon et d'instruments à vent.
Quant à la durée du spectacle, elle n'est pas moins de quinze heures, aussi Wagner a-t-il ménagé un entr'acte pour le lunch, un second pour dîner, un troisième pour dormir, un quatrième pour le déjeuner du lendemain et un cinquième pour le lunch du second jour.
Les wagnérophiles sont sur les dents."
Un article paru en première page de l´Humanité du 13 octobre 1904