La chancelière Angela Merkel à Berlin le 23 juillet 2016 I AFP Archives
Les dirigeants conservateurs de Bavière (sud), où se sont déroulés les deux attentats revendiqués au nom du groupe jihadiste Daesh, sont montés au créneau relançant ainsi leurs critiques.Ils demandent plus de fermeté en matière d'immigration. "Le terrorisme islamiste est arrivé en Allemagne", a déclaré le président de la CSU, Horst Seehofer, "la population a peur et a besoin d'une réponse des responsables politiques". Ce parti bavarois est l'allié de celui de la chancelière, la CDU, mais depuis près d'un an, il dénonce la politique d'ouverture aux réfugiés. La CSU a dressé un catalogue de demandes pour faire face : contrôle plus strict des foyers de demandeurs d'asile, contrôles douaniers renforcés aux frontières, droit pour l'armée d'intervenir pour protéger la population en Allemagne, et tour de vis en matière d'expulsion des réfugiés. "Nous devons nettement abaisser les obstacles à l'expulsion après un délit", a dit le ministre de l'Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann. Plutôt sur la réserve jusqu'ici, la droite populiste allemande a dénoncé, par la voix de sa responsable Frauke Petry, l'inaction des autorités : "Que doit-il encore se passer pour nous commencions à vérifier qui arrive dans notre pays ? "Merkel viséeLe pays, qui a accueilli plus d'un million de migrants en 2015, a jusqu'ici ouvert grand ses portes aux réfugiés syriens. Plus de 90% obtiennent l'autorisation de rester. Ils n’ont pas à passer d'entretien avec l'administration. Toutefois, plus de 200.000 demandeurs d'asile déboutés pourraient être reconduits aux frontières mais se trouvent toujours dans le pays, selon l'expert pour les questions intérieures de la CDU), Armin Schuster. Derrière ces appels, Angela Merkel est visée. Mise à part une intervention samedi après la tuerie de Munich, la chancelière est restée silencieuse. Connue pour son extrême prudence dans les phases de crise, elle sait qu'elle joue gros à un an des élections législatives, alors que l'AfD gagne en popularité. Ces derniers mois, elle était parvenue à regagner une partie de la popularité perdue l'an dernier du fait des migrants. "Mais c'est précisément dans ce genre de situation que son attitude est problématique", indique Martin Emmer, professeur à la Freie Universität de Berlin. "Les gens ont peur, sont inquiets et dans ces circonstances, on a besoin d'une direction qui soit davantage dans les émotions et moins dans le management froid". Les questions soulevées par ces attaques relancent un débat sur l'immigration "que la chancellerie redoute le plus", juge également le quotidien Süddeutsche Zeitung mardi, alors que deux élections régionales se profilent au mois de septembre prochain à Berlin, notamment sur les terres d'élection d'Angela Merkel, au nord-est. JB-M