C’était le 12 juillet, à La Guillotine, à Montreuil (93). Charles Gonzalès avait organisé une soirée d’hommage à Yves Bonnefoy, décédé récemment. Les bancs étaient tous occupés, des chaises ont été ajoutées. Trois femmes (Sophie Bourel, Elodie Chanut, Monique Dorsel) et un homme (Charles Gonzalès) ont lu des textes du poète. Deux musiciens (Luis Gustavo Carvalho au piano et Franck Sforza au saxophone) ont ponctué ces lectures.
L’enfance, la maison natale, les chemins parcourus, la barque du nautonier, voilà des mots que nous avons entendus, trop peu sans doute, mais assez pour avoir envie de relire Du mouvement et de l’immobilité de Douve, ici lu par Monique Dorsel, et d’autres textes comme ceux des Planches courbes. Et encore, par le choix que les lectrices et le lecteur ont fait d’offrir quelques poèmes sur la beauté, un d’Yves Bonnefoy, un de Charles Baudelaire, un autre d’Arthur Rimbaud, un fil était tendu entre les siècles. Et pour conclure, ce fut Shakespeare, traduit par Yves Bonnefoy, parce que le théâtre, nous a dit Charles Gonzalès, est un long poème dramatique.
Et le chemin s’inscrit à nouveau sous mon pas : « Un chemin ? Qu’est-ce qu’un chemin, et pour quoi ? Le prendre sur la droite, et disparaître, avec lui ? Mais à quoi bon disparaître ? Le ciel est si vaste et si immobile, dans la chaleur. Le monde est tellement plus vaste quand on le regarde à travers la découpe d’une porte. » Et la musique de la rue vient y prendre place, à moins qu’on l’ait rêvée, bouche bée.