Comme en France, le phénomène Pokémon Go devient un enjeu business pour les commerçants de proximité américains. Ou comment après l’ère du m-commerce émerge le game commerce - le commerce de proximité aidé par le jeu en ligne.
Application la plus téléchargée sur l’Apple Store, en quelques jours, avec plus d’utilisateurs quotidiens que Twitter, plus d’engagement que Facebook, Pokemon Go a battu tous les records. Nintendo, qu’on pensait sur le déclin, connaît, grâce au phénomène, la plus rapide croissance de valorisation boursière de l’histoire du capitalisme (une valorisation en cours de dégringolade, la société ne possédant que 32% de Pokemon Company). Un engouement dont les petits commerçants pourraient profiter, pour attirer le chaland chez eux. Et ce sont encore une fois les détaillants de la Mecque des startups, San Francisco qui montrent l’exemple. Ville parmi les premières à avoir joué à Pokémon Go, des habitants tech-friendly, et des commerçants qui le sont tout aussi, sont autant de raisons qui ont fait gagner à San Francisco, le sobriquet de Pokéville.
Utiliser PokémonGo pour attirer des consommateurs en magasin
Le principe même du jeu pousse l’utilisateur, au moyen du GPS et caméra de son téléphone, à arpenter les rues de sa ville, pour attraper des pokémons. Plus intéressant, le jeu transforme certains lieux, dont les commerces, en arènes - salles d’entraînement pour les Pokémon et en Pokéstops – lieux d’intérêt où les joueurs peuvent récupérer des accessoires. L’appât idéal pour attirer le joueur en magasin… et convertir ce passage en achat. Certains magasins exigent même que “leurs” pokemons soient réservés à leurs consommateurs payants
The Pokémon Company et Niantic Labs, qui ont développé Pokémon Go avec cette fonctionnalité payante auprès des petits commerçants pourraient réserver d’autres solutions de monétisation, comme des publicités en réalité augmentée ou des Pokéstop (lieux où les chasseurs de Pokemon peuvent recueillir des pokeballs nécessaires pour attrapper des pokémons) sponsorisés.
Pokémon Go à l’assaut des plateformes de recommandation
Autre exemple de l’intérêt commercial du jeu: le cas de Yelp. La plateforme de référencement et de recommandation de lieux d’intérêt & commerces a, rappelons-le, une influence notable : les avis positifs affectent l’achat de 90% de ses utilisateurs.
Yelp propose maintenant de filtrer sa recherche en fonction des “Pokestop à proximité”, un autre appât à consommateurs potentiels.
La guerre des telcos
Enfin, l’opérateur télécom américain Sprint a lancé une campagne de guerilla marketing, dans tout le pays. Il invite ses clients à passer par les agences Sprint locales, pour bénéficier d’avantages. Outre le classique Pokéstop, permettant de récupérer des pokéballs, le chasseur pourra, d’une part, recharger gratuitement son téléphone - jouer à Pokémon Go étant particulière énergivore, discuter sur place avec des experts Pokémon, et d’autre part, se voir offrir des forfaits de data illimité,... à un prix avantageux. En boutique lui est aussi proposée une offre spéciale PokémonGo pour acquérir à moitié prix une batterie externe. Un bel exemple de compréhension des besoins des clients et de réactivité. La campagne de Sprint est une réponse à la récente annonce de l’opérateur T-Mobile, qui offre à ses clients américains un accès illimité à la data, pendant un an.
Sans technologies particulièrement révolutionnaires, la réalité augmentée et le jeu géolocalisé existant depuis des années, Pokémon Go réussit là où Foursquare a échoué, à savoir, en gamifiant l’expérience en magasin et en offrant aux commerçants physiques l’opportunité d’attirer des consommateurs par le digital. Le secret de sa réussite ? La nostalgie de millenials, devenus adultes.
Pokémon Go se pose à contre-courant d’un SecondLife, qui tablait sur de la vente dans un monde parallèle. Et démontre que la technologie, en augmentant le réel, offre une nouvelle dimension aux magasins physiques. Reste à savoir si l’engouement PokémonGo sera durable. Quoi qu’il en soit, il est une opportunité à saisir pour tous les commerçants qui veulent se démarquer, être innovants et toucher les jeunes consommateurs.