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Le portrait de Mustafa Kemal Atatürk, brandi lors de la manifestation de l'opposition le 24 juillet 2016 place Taksim à Istanbul I ©AFP OZAN KOSE
La justice a émis des mandats d'arrêt à l'encontre de 42 journalistes, dont Nazli Ilicak, dernier épisode d'une chasse aux sorcières déclenchée contre les partisans de Fethullah Gülen, prédicateur exilé aux Etats-Unis accusé par Ankara d'avoir ourdi le putsch. Dans un rare geste d'unité, Recep Tayyip Erdogan a eu un entretien de près de trois heures avec le dirigeant du parti CHP, Kemal Kiliçdaroglu. Ce dernier, qui avait juré qu'il ne mettrait jamais les pieds au palais présidentiel, en est ressorti en se déclarant satisfait de cet "entretien positif (pour la) normalisation", sur la télévision NTV. Le président Erdogan avait aussi invité le chef du Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), Devlet Bahceli. Mais celui du HDP pro-kurde, Selahattin Demirtas, régulièrement qualifié de "terroriste" par le président, n'avait pas été convié. Sur les 42 journalistes visés par des mandats d'arrêt, cinq ont été déjà arrêtés et 11 auraient quitté le pays, a assuré lundi l'agence de presse privée Dogan. La police recherchait dans la station balnéaire de Bodrum (ouest) Nazli Ilicak, figure de premier plan du monde des médias en Turquie. Mme Ilicak avait été limogée du quotidien pro-gouvernemental Sabah en 2013 pour avoir critiqué des ministres impliqués dans un scandale de corruption. "C'est le dernier signe alarmant dans ce qui devient de plus en plus une purge éhontée fondée sur l'appartenance politique", a jugé Amnesty International.
Le monde des médias avait déjà été frappé par la purge avec le retrait, le 19 juillet dernier, des licences de nombreuses chaînes de télévision et de radio. Par ailleurs, lors d'une nouvelle descente de police, 40 suspects de l'académie militaire d'Istanbul ont été arrêtés, a annoncé l'agence pro-gouvernementale Anadolu. 31 universitaires, dont des professeurs, ont été placés en garde à vue à l'issue de coups de filet dans des milieux supposés gulenistes d'Istanbul, a indiqué Dogan. La purge s'est étendue également à la compagnie nationale Turkish Airlines. Le fleuron du transport aérien turc a annoncé le licenciement de 211 employés en raison de leurs liens allégués avec Gülen. La Turquie se trouve à la 151ème place sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières (RSF), cette année. VF