Les cranberries constituent une piste anti-infectieuse naturelle non négligeable et aucune piste même mineure ne doit être négligée à l’heure de l’émergence de bactéries résistantes aux médicaments. Ici, l’équipe de recherche du Worcester Polytechnic Institute et l’Université du Massachusetts Dartmouth décrypte le processus par lequel certains composés du jus de » canneberge » bloquent la première étape critique et mécanique d’une infection bactérienne : le contact et l’adhérence entre la bactérie et la cellule hôte. Cette découverte a toute son importance face au problème majeur de l’antibiorésistance, car elle permet aussi de mieux comprendre les mécanismes de l’infection et de la résistance bactériennes. Enfin, l’étude va dans le même sens qu’une toute récente recherche qui suggérait tout le potentiel des cranberries -et peut être en substitution des antibiotiques dans certains cas- pour lutter contre ces infections résistantes.
Pour déclencher une infection, les bactéries doivent d’abord adhérer à une cellule hôte et s’accumuler ou se regrouper en nombre suffisant pour former un biofilm. Lors de précédentes recherches, l’équipe avait montré que certains composés des cranberries, les proanthocyanidines (PAC) étaient susceptibles de jouer un rôle dans cette capacité à bloquer l’adhérence bactérienne.
Autre atout des cranberries : les flavonols identifiés sont également capables de réduire la capacité d’adhérence de la bactérie par l’intermédiaire de ses petites vrilles, nommées fimbriae, en modifiant leur forme. Les bactéries n’ont plus la capacité de » rester sur place » suffisamment longtemps pour déclencher une infection. C’est donc un rôle finalement anti-adhérent de ces nouveaux composés qui, en combinaison avec les PACs déjà connues, pourrait représenter un potentiel prometteur pour le développement de nouveaux traitements antibactériens, avec un avantage thérapeutique possible contre les superbactéries.
Source: Food and Function 13 May 2016 DOI: 10.1039/C6FO00109B Atomic force microscopy-guided fractionation reveals the influence of cranberry phytochemicals on adhesion of Escherichia coli (Visuel@Worcester Polytechnic Institute)