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Secret bancaire: une institution religieuse intégriste surannée

Publié le 18 juin 2008 par Kalvin Whiteoak

secret_bancaireMalmené par l’Europe, définitivement cassé par les mauvais traitements que lui a infligés l’UBS et ses Birkenfeld boys, le secret bancaire si décrié est fichu, en matière fiscale.

Il va falloir que la Suisse s’y fasse : elle devra céder non seulement aux demandes d’entraide pénale ou fiscale internationale lancées par les USA mais aux exigences de l’UE qui ne sont d’ailleurs que parfaitement justifiées, toujours en matière fiscale.

Construire tout un pan d’une économie sur le mensonge organisé et la dissimulation ne rime plus à rien et n’a surtout plus rien à voir avec l’éthique, si jamais ça l’avait eu en son temps.

Quand on se penche un peu sur l’histoire du secret bancaire, avant même son ancrage historique dans la loi sur les banques de 1934, on constate qu’il est issu du cerveau de protestants intégristes genevois comme Necker ou zurichois comme Zwingli, qui souhaitaient contre vents et marées protéger les sous de leurs clients royaux ou impériaux (catholiques bon teint eux, au sang bleu de préférence) .

Attitude assez révélatrice de leur appât du gain de l’époque, car ils avaient été chassés de France à la Révocation de l’Edit de Nantes. Mais financer le roi de France depuis Genève et gérer ses petits sous leur rapportait plus que de s’en tenir à une certaine idée de l’honneur.

L’un des premiers textes qui règle le secret bancaire date de cette époque. Le Grand Conseil Genevois adopte en 1713 une règlementation de l’activité des banques qui stipule que les banquiers doivent «tenir un registre de leur clientèle et de leurs opérations, mais il leur est interdit de divulguer ces informations à quiconque autre que le client concerné, sauf accord exprès du Conseil de la Ville».

Ensuite on a vu  arriver la Révolution (une sorte d’ère Mitterrand avant l’heure) voyant s’agglutiner en Suisse la fortune des nobles et des moins nobles. L’ancrage légal de 1934 est souvent justifié par les banques en raison de la montée du nazisme … Quand on sait après coup l’usage qu’ont fait ces mêmes banques des fonds juifs, et le rôle central qu’elles ont aussi joué dans le système de paiements international du régime nazi, on ne peut que franchement rigoler ou pleurer selon l’humeur.

Et qui défend encore aujourd’hui ce fameux secret: des banquiers protestants intégristes fleurant la naphtaline et qui ressemblent à des grenouilles de bénitier couvant leurs avoirs, ceux de leurs clients et leurs privilèges en passant.

Ne dit-on pas qu’il faut être jésuite suisse pour faire la différence entre fraude (interdite) et évasion fiscale (sport national toléré des banquiers).

Certes, mais il faut croire que sur cette question les jésuites ont trouvé des maîtres, proches des cures des paroisses réformées genevoises et zurichoises et qui permettent au bon pasteur du coin de mettre du beurre supplémentaire dans des épinards pas si indigestes déjà.

© iconographie Vadot


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