La fondation Pierre Gianadda à Martigny en Suisse présente Picasso L’œuvre ultime Hommage à Jacqueline jusqu’au 20 novembre prochain
En hommage à Jacqueline Picasso disparue il y a trente ans, le 15 octobre 1986, la Fondation Pierre Gianadda présente un ensemble exceptionnel de peintures, gravures, linogravures, céramiques et sculptures, qui mettent en lumière l’œuvre tardif de Picasso. Autant fascinantes qu’éblouissantes, les vingt dernières années de la carrière de l’artiste sont un hymne à l’amour, à la vie et à la création. Cette exposition montre à quel point sa création ultime est révélée par la présence de Jacqueline, que Picasso rencontre en 1952 et épouse en 1961. Elle fut sa dernière compagne, lui servit de modèle et de référence en permanence.
Pour Picasso c’est le début d’une nouvelle vie et d’un élan pictural sans précédent qui s’opère dans différents lieux : d’abord La Californie à Cannes (1955-1958), puis le château de Vauvenargues (1958-1961), au pied de la montagne Sainte-Victoire si chère à Cézanne, près d’Aix-en-Provence, et enfin le mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins (1961-1973).
La présence de Jacqueline et sa jeunesse vont accélérer le rythme créateur de Picasso. Tantôt représentée avec son profil hiératique, dressé sur un cou interminable (Jacqueline aux fleurs, 1954), ou parfaitement figurative à la beauté classique (Jacqueline aux jambes repliées, 1954), elle habite l’œuvre du maître de toute son âme, (L’atelier de la Californie, 1956). Les portraits de Picasso dépassent la notion même de ressemblance pour atteindre une sorte de poétique métaphorique de la personnalité de tous ses modèles.
Durant les dix premières années de cette période, Picasso, ce peintre de la modernité, revisite avec curiosité les maîtres du passé : Delacroix (Les Femmes d’Alger, 1954-1955), Vélasquez (Les Ménines, 1957), Manet (Le Déjeuner sur l’herbe, 1959-1961), Poussin et David (L’Enlèvement des Sabines, 1963). Autant de chefs-d’œuvre, détournés, désarticulés, aux lignes incisives et aux plans écorchés.
Puis, après ces références à la peinture, il s’attache au thème du peintre et de son modèle. Pour la seule année 1963, Jacqueline figure 160 fois dans la production de l’artiste. Les subtiles modulations de cette longue série permettent à Picasso tantôt de vénérer sa muse, tantôt de l’humilier ou de la mettre à l’épreuve. « Elle a, dira Picasso à Hélène Parmelin en 1966, le don de devenir peinture à un degré inimaginable. »
Dans les dix dernières années, à Mougins, Picasso se recentre et se concentre sur l’essentiel. Il explore les figures archétypiques de la femme (le nu), du couple (baisers et étreintes), de l’homme (mousquetaires et homme à la pipe), et du peintre vieillissant. Ces œuvres ultimes sont parmi celles qui figuraient aux deux grandes expositions organisées en 1970 par Yvonne et Christian Zervos et en 1973 par René Char au Palais des Papes d’Avignon. Si certaines critiques féroces parlèrent à l’époque de « sénilité, barbouillage, impuissance », l’œuvre tardif de Picasso est aujourd’hui unanimement reconnu comme étant l’un des plus captivants.
Cette exposition à part l’œuvre peint, démontre le talent de Picasso dans d’autres formes d’expression :
Picasso et la gravure
La gravure est l’un des arts majeurs dans la vie de Picasso privilégiant certaines techniques traitées avec une maîtrise et une diversité exemplaires. Son approche expérimentale de la gravure, sa liberté et sa virtuosité font de lui un artisan capable de fouiller tous les secrets du métier. Tous les thèmes chers à Picasso sont abordés : peintre et modèle, nus, portraits, figures mythologique, tauromachie et exprimés par le burin, l’eau-forte, la lithographie, la linogravure, techniques représentées dans l’exposition.
Picasso et la sculpture
C’est à partir de l’été 1905 que se situe le début de l’engagement de l’artiste pour la sculpture. A cette époque, la découverte, entre autres, des masques et des objets tribaux du musée ethnographique du Trocadéro provoque un choc qui va marquer son œuvre. Puis avec les assemblages de 1912, Picasso souligne l’ambiguïté des objets. Dans les années 1920 il innove avec le travail sur le fer soudé et peint. L’audace créative de Picasso se manifeste de nouveau à la fin de sa vie avec l’élaboration de sculptures en tôles découpées, pliées et peintres : (Femme au chapeau, 1961, et Tête de femme (Jacqueline) 1962). Ces sculptures en tôles font partie des œuvres les plus étonnantes de la fin de la vie de l’artiste.
Picasso et la céramique
Alors qu’il séjourne à Golfe-Juan en 1946, il découvre à l’exposition annuelle des potiers le stand Mandoura et ses représentants Suzanne et Georges Ramié qui lui ouvrent leur atelier à Vallauris dont une partie, dès 1947, est aménagée pour Picasso. Avec sa prodigieuse imagination créatrice, il s’approprie la céramique dont il bouleverse la pratique. Il détourne les pièces utilitaires : une gourde devient un gros insecte, un vase un oiseau ou un faune. Naissent également d’admirables portraits de femme (Portrait de Jacqueline, 1956), (Portrait de Jacqueline au foulard, 1956). Cette vocation de céramiste, est largement documentée dans l’exposition avec des pièces admirables.
Selon un parcours chronologique et thématique, l’exposition présente plus d’une centaine de pièces majeures provenant de la collection de la famille de l’artiste, des plus grandes collections publiques (Musée Picasso, Paris ; Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, Paris ; Museu Picasso, Barcelone…) et de collections particulières, qui rendent compte de la diversité et de l’importance de la production artistique des dernières années de Picasso.
L’exposition Picasso. L’œuvre ultime. Hommage à Jacqueline
Fondation Pierre Gianadda – Rue du Forum 59
1920 Martigny (Suisse)
tous les jours de 9 h à 19 h
depuis le 18 juin et jsuq’ au 20 novembre 2016