Le viatique choisi par Marie-Laure de Cazotte, Oedipe sur la route (voir billet de ce samedi 24 juillet) nous donne l'envie d'en reproduire, à votre intention, un court extrait:
" Il [NDLR : Œdipe] éprouve la tendresse des gestes d’Antigone qui a mis sa tête sur ses genoux et le fait manger très lentement et boire à petites gorgées. Clios réchauffe ses mains dans les siennes, puis module sur sa flûte un air d’Alcyon. Un air bien pauvre, après les musiques qu’il a peut-être entendues, mais qui touche son cœur en un point inattendu et si sensible qu’il sent monter en lui quelque chose qui ressemble à des larmes.
«Ne pleure pas, dit Antigone, tu peux repartir si tu veux. Mais plus si loin, plus si longtemps. Pas dans ce bonheur effrayant, sans nous, sans personne. Est-ce que tu comprends ?» Hélas, il comprend. Avec détresse, avec un obscur soulagement, il se retrouve pesant, aveugle, obscur. Là où il est, sur la route."
Oedipe sur la route, Henry Bauchau, roman, Ed. Actes Sud, 1990,