Parlons entre hommes
Je vous donne ma parole de femme
Que ce n'est pas leur Dieu
qui rend les hommes infâmes ou odieux
Je vous le dis les yeux dans les yeux
mais leur fâcheuse tendance à être envieux
C'est leur envie
qui les rend haineux et disgracieux
Pire : l'envie qui les maintient en vie
est la même que celle qui gâche leur vie.
C'est la face sombre de toute envie,
mais aussi de toute vie que nous exprimons
à travers le verbe ENVIER :
je t'envie, tu m'envies, nous nous envions
Qui donne l'impression
que chaque partie en veut au monde entier.
Le frère envie son frère, le fils envie son père
Le noir envie le blanc et le blanc envie le noir
D'où le schisme, la division jusqu'au paroxysme
Jusqu'à ce que les vivants en viennent
à envier les morts
À tuer, à s'entretuer à raison, à tort
Tantôt parce qu'ils sont enviés
Tantôt parce qu'ils sont envieux
À peine nés et ils sont déjà vieux
Parce que ce n'est pas la vie
qui scintille dans leurs yeux
Mais l'envie de l'autre,
l'envie de lui gâcher
ou de lui retirer la vie...
Pulsion de vie, pulsion de mort
D'où notre envie d'imposer notre avis
Et notre refus de composer
avec d'autres envies
Tuez-les tous et revenez seule !
Voilà le message que s'est adressée
aujourd'hui l'envie
L'envie de tous contre tous.
À Munich, en Syrie, à Nice ou à Tunis
Pour nier,
renier toutes les splendeurs de la vie
Et n'en garder ou sauvegarder
que l'ombre de la mort...
Qui fait croire aux survivants
à l'ironie du sort
C'est toute la genèse,
la généalogie de la peur
du terrorisme qui sème la terreur
Parce que leurs envies
ne veulent plus se taire
Mais devenir spectaculaires,
planétaires, totalitaires !
Qui est donc le premier
qui a mis le feu à cette poudrière ?