Ce qui reste dans nos mémoires, c’est la voix naturelle de ceux qui nous ont quittés. Ce qu’ils nous racontaient autour de la table familiale, du temps où ni la télé, ni les smartphones ne venaient interrompre notre attention toutes les quelques secondes. Les enfants s’ennuyaient beaucoup plus qu’aujourd’hui, où les stimulations sont incessantes, mais conservaient plus d’attention pour ce qui pouvaient les intéresser. Il faut imaginer que, pour la génération précédente, on n’utilisait le téléphone que pour annoncer que quelqu’un était mort.
toute l’information provenait de discussions avec les autres, du récit d’expériences de première main, on lisait peu, on écoutait un peu la radio, mais tout se faisait en transmission directe, en face à face.
Nous sommes passés de cette situation d’expression en direct, à une situation où tout est médiatisé par des écrans.
Dans les années 70, à l’hôpital, les gens se retrouvaient à quatre par chambre, sans télé, et échangeaient leurs expériences, parfois contribuaient ainsi à leur survie prolongée en se donnant des trucs utiles. Aujourd’hui, on se retrouve seul face au mur et à la télé. On a dénigré les grandes salles communes, mais est-ce que cette solitude est plus humaine, ou peut-être que la société partage moins de choses, que la culture est moins commune qu’en ce temps, et que la communication serait plus difficile.
Je ne suis pas certain que cette génération aura ces voix dans sa mémoire, et autre chose que des stimuli électroniques.