On est allé voir Dr Lonnie Smith au New Morning

Publié le 20 juillet 2016 par Le Limonadier @LeLimonadier
Dansons au ralenti avec les Canadiens de Saxsyndrum Ou comment foutre le bordel avec Prophets of Rage

Pèlerinage (n.m.) : Voyage entrepris dans l’intention de se recueillir sur les lieux où a vécu quelqu’un de célèbre, ou dans les lieux où on a vécu soi-même autrefois.

L’orgue Hammond B-3, pièce maitresse de l’histoire du jazz, a connu depuis sa création quelques maîtres dompteurs à la hauteur de sa difficulté. On pense évidemment à Jimmy Smith qu’on serait tenté de qualifié d’ambassadeur de l’Hammond, mais il en est un qu’on oublie souvent et pas des moindres! Turbanator AKA Dr Lonnie Smith a fait ses premières armes aux côtés du non moins illustre Georges Benson le temps de quelques albums d’une facture irréprochable pour la grande majorité d’entre eux (« It’s Uptown », »Cookbook », …) avant de rejoindre en grande pompe l’écurie Blue Note avec un contrat pour pas moins de 4 albums (fait rarissime à l’époque). S’en suit les pépites soul/jazz que nous connaissons, avec en tête de file « Think! » et « Move your head »… En tout, ce n’est pas moins de 70 albums sur lesquels le docteur a opéré en solo ou en sideman.

Mais voilà qu’à 73 ans (74 aujourd’hui) le vieux briscard remet le couvert avec ses camarades de studio de la belle époque dans un opus groove à souhait auquel personne ne s’attendait mais qui ravi tout le monde, « Evolution »

Présentation faite, le Doc est parti sur les routes, pas tant pour défendre son dernier album (a-t’on vraiment besoin de défendre quoique ce soit quand on s’appelle Dr Lonnie Smith ?) que pour vibrer une nouvelle fois devant des visages ébahis. Ça n’a pas manqué, nous nous sommes encore laissé embarquer, et ce malgré le grand âge de l’organiste, dans un périple soul jazz d’une qualité rare.

Quand l’homme est entré dans la salle, muni de sa canne et vêtu de sa tenue traditionnelle Sikh (religion monothéiste du nord de l’Inde), de brèves secondes de silence s’imposaient sans qu’il n’y ait rien à dire. C’est la forme la plus tangible d’un respect qu’il inspire naturellement par son aura impressionnante. Situé au milieu de la scène, l’indétrônable Orgue Hammond B-3 à sa merci, il était pour l’occasion copieusement accompagné. On relèvera parmi les 5 musiciens le talentueux Jonathan Kreisberg qui offrit un sacré spectacle d’expressivité et de créativité à la guitare, ainsi que le jeune virtuose Joe Dyson impassible et intransigeant quand il s’agissait du groove !

Après une cover exceptionnelle de «50 ways to leave your lover» du grand songwriter Paul Simon (la moitié de Simon & Garfunkel), Dr Lonnie Smith s’est soudainement absenté, suscitant dans l’auditoire si ce n’est de l’inquiétude, au moins de la surprise. C’est Joe qui déchirera le silence d’un solo de batterie si exceptionnel de virtuosité qu’il nous serait compliqué de vous dire le temps qu’il aura duré. Qu’à cela ne tienne, doc est de retour avec sa canne mais s’arrête au devant de la scène.

Le doc, lève sa canne et se met à la tenir comme une guitare, ne tenant plus que sur ses deux jambes d’un équilibre incertain mais assumé. Quand d’un coup, il se met à placer ses doigts et à frapper sa canne qui était en fait une SlapStick bass designé spécialement pour lui ! Évidemment, l’auditoire n’en croit ni ses yeux ni ses oreilles puisque la SlapStick bass est un instrument électronique tactile très peu répandu du fait de sa jouabilité limité (contrairement à une basse qui a au moins 4 cordes, celui-ci n’est que sur 1 seul axe). Nous avons tenté de capturé l’instant avec les moyens du bords :


Dr Lonnie Smith with his hidden SlapStick bass… par lelimonadier

Pour le plaisir évident que le docteur prend, pour la liberté qu’il a réussi à conserver, pour la qualité de la musique qu’il défend, Dr Lonnie Smith fait partie de ces artistes à voir au moins une fois dans sa vie, un vrai pèlerinage.

Pour le moment, pas d’autres dates de prévues en France. Vous pouvez toutefois jeter un coup d’oeil ICI pour suivre son actualité.

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Charly

Chroniqueur du Limo, musicien et boulimique de vinyle, j'aime toutes les musiques qui me secouent les tripes.
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