Alors que le gouvernement nigérian a déclaré officiellement l’état d’urgence alimentaire et nutritionnelle dans le nord-est de Borno, la libération de certaines zones jusque-là sous le contrôle de Boko Haram, permet aux humanitaires d’avoir pour la première fois, en presque deux ans, un accès limité à ces « no go zones». Aujourd’hui, les Nations Unies et les organisations humanitaires souhaitent pouvoir mener l’évaluation rapide des besoins et atteindre ces familles qui survivent depuis des mois sans-abris, sans nourriture, sans eau potable, sans secours ni assistance nutritionnelle d’urgence.
Le conflit, les prix élevés de la nourriture, l'inflation et l’impossibilité de gagner de l’argent ou de cultiver des terres en raison des combats ont totalement paralysé le nord-est du Nigeria et l’ont plongé dans une grave insécurité alimentaire.
« Nous sommes extrêmement inquiets pour le sort d’environ trois millions de personnes dans le nord-est du Nigeria, des familles que nous n’avions pas été en mesure d'atteindre jusqu'à très récemment en raison du contexte volatil et de l'intensité des combats », a déclaré le Directeur Pays au Nigeria d’Action Contre la Faim, Yannick Pouchalan. « Nous commençons tout juste à pouvoir estimer précisément la gravité de la situation. Maintenant que l’accès est possible, nous devons réagir vite et préparer réponse d'urgence à grande échelle. L'histoire nous a appris qu'ignorer des signes avant-coureurs d’une crise ne mène à rien, sauf à la tragédie. »
Des milliers de victimes de malnutrition aigüe sévère en danger de mort
Selon le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire de mars 2016 et l’évaluation rapide des besoins des Nations Unies, environ 617 000 enfants souffrent actuellement de malnutrition aiguë dans le nord du Nigeria. L’état de Borno compte, à lui seul, 244 000 enfants victimes de malnutrition aiguë sévère, selon des rapports récents de l'UNICEF. Ces chiffres parlent d’eux même et annoncent de terribles souffrances humaines. Plus de données et d’analyses seront nécessaires pour permettre de déterminer l'ampleur de la crise et d'assurer une coordination efficace des acteurs humanitaires.
« Derrière les lignes de front, où nous n’avions pas accès et où nous ne pouvions pas apporter d’aide, nous pensons que les besoins humanitaires sont extrêmement importants », alerte Yannick Pouchalan. « Nous demandons à toutes les parties aux conflits de respecter le droit international humanitaire pour nous permettre d’apporter d’urgence et en toute sécurité une aide humanitaire vitale et de prévenir un très grand nombre des décès d'enfants à cause de la faim ».
Malgré la déclaration de l’état d'urgence nutritionnelle par le gouvernement, la crise au Nigeria reste désespérément sous-financée. Sur les 279 millions US$ nécessaires à la mise en place du Plan d'intervention humanitaire pour le Nigeria, seulement 78,5 millions US$ (28%) ont effectivement été financés. Action contre la Faim se joint à l'Organisation des Nations Unies et à ses partenaires humanitaires en exhortant la communauté internationale à mettre en place un processus le financement souple et accéléré pour éviter la catastrophe.
Action contre la Faim au Nigéria
Action contre la Faim travaille au Nigeria depuis 2010. En 2014, les équipes ont doublé une première fois le volume opérationnel de la mission pour répondre aux besoins humanitaires de 2,1 millions de personnes avec des programmes de santé et de nutrition ; d’accès à l'eau potable et à l'assainissement pour réduire la malnutrition et les maladies ; des transferts de fonds d'urgence pour aider les personnes déplacées ainsi que des initiatives de sécurité alimentaire à long terme. En 2016, le volume des programmes au Nigeria a été doublé une nouvelle fois en dépit d'un environnement extrêmement difficile pour répondre aux besoins d’une population encore plus nombreuse.
Répondre à l’urgence
Action contre la Faim intervient à Yobe, Jigawa et Borno. Une équipe, experte en intervention d’urgence a été déployée et se prépare à lancer de nouveaux programmes d’aide dans des zones auparavant inaccessibles de l'Etat de Borno, en coordination avec les autorités locales et les partenaires humanitaires internationaux. Nos priorités immédiates sont d'évaluer rapidement l’ampleur des besoins de ces familles déplacées qui n'ont pas eu accès à l'aide humanitaire et d’y répondre de toute urgence pour leur survie.
Les équipes élargissent également les programmes existants pour atteindre plus de familles dans l'Etat de Yobe, dans les camps et les communautés autour de Maiduguri dans l'Etat de Borno : des programmes de santé et de nutrition d'urgence dans les établissements de santé et dans des unités mobiles, des distributions de produits thérapeutiques et de traitements aux enfants de moins de cinq ans. ACF répond également aux besoins vitaux de familles autour de Maiduguri, qui accueille environ 1,4 million de personnes déplacées, dont beaucoup n'ont pas reçu d'aide humanitaire. Les équipes leur permettent d’avoir accès à de l’eau potable et à des installations sanitaires pour promouvoir l'hygiène et la prévention des maladies hydriques mortelles.
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