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Le Bouquet sans fin

Par Damien Besançon

Lancé à vive allure, l'utilitaire immaculé fait irruption sur la Promenade juste avant Lenval, l'hôpital pour enfants. Nous sommes au soir du 14 juillet avec son rituel immuable des feux qui crépitent et de l'attente du bouquet final. Cette année cette attente est à double détente et la fin du feu est singée par un camion glacial, une morgue ambulante.
Lenval renferme toujours le secret des crises de mon frère aîné, celui de nos aller-retours auprès des équipes médicales avouant pour finir ignorer ce que ce gamin de dix ans pouvait avoir dans la tête qui lui vrillait à ce point les viscères et les sens.


Le Bouquet sans fin


Si le véhicule blanc criblé d'impacts noirs ne s'était pas arrêté devant le palais de la Méditerranée, façade aveugle qui a tant marqué mon enfance, il aurait, qui sait, poursuivi sa course folle le long de la place puis du lycée Masséna, où Apollinaire s'essayait à la poésie sous le nom de Guillaume Macabre, jusqu'à l'hôpital Saint-Roch où je fus transporté toutes sirènes hurlantes par les pompiers appelés à m'extraire de la mare de sang dans laquelle une chute de vélo m'avait plongé. 


Je suis vivant vingt-deux ans plus tard, tant sont morts peu après vingt-deux heures. Morts non loin d'où je suis né, boulevard Tsarévitch. Le même hasard, un destin inverse et la moindre des choses, pour moi, d'honorer leur mémoire chaque jour jusqu'au dernier, sans savoir le jour ni l'heure.

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