Avez-vous déjà entendu parler de Chachapoyas ? Avant d'arriver au Pérou, moi non plus ! C'est vrai que ce n'est pas une destination qu'on évoque en parlant du pays, et pourtant, elle le mérite. Après avoir vécu presque 3 ans au Pérou, j'ai voulu en savoir plus sur cette ville, cette région, cette civilisation.
Chachapoyas se trouve au nord du pays, le long de la Cordillère des Andes à 2334 mètres d'altitude. Son nom signifie " hommes des nuages " en raison de la brume, très présente dans la région. On estime que la civilisation Chachapoyas remonte aux environs du 8e siècle. Leur croissance prit de l'ampleur vers le 11 e siècle et ils vécurent leur apogée jusqu'à leur conquête par les Incas puis les conquistadors Espagnols. En quelques années, leur population passa de 400 000 à 20 000 individus.
Vous imaginez bien que c'est donc avec une grande curiosité que je me suis rendue dans ces terres lointaines.
Jour 1 : découverte de Kuelap
Après une bonne nuit de repos, suivant les 22h de bus depuis de Lima, j'ai décidé de me rendre à Kuelap, grand symbole de la culture Chachapoyas. Le guide vient me chercher à mon auberge de jeunesse, et le bus nous embarque pour environ 2 h de route. Sur le trajet, on aperçoit déjà Kuelap au loin, à 3000m d'altitude.
La " forteresse de Kuelap ", qui devait plutôt être une ville fortifiée, était le lieu le plus important de la civilisation Chachapoyas. D'ici, on pouvait observer toute la vallée et surveiller les environs. La vue y est imprenable ! On dit que sa position, en hauteur par rapport au reste de la vallée, lui conférait une symbolique sacrée car elle était près des dieux et des astres.
Les historiens estiment que c'était un centre administratif et religieux. Le complexe était composé de 420 bâtiments, où seules les familles riches pouvaient résider. En effet, vivre en altitude, proche des dieux, était un privilège réservé à l'élite. On peut observer plusieurs constructions rondes, dont certaines possédant un losange sur les murs, identifiant probablement les maisons des familles les plus importantes de la cité.
Ici, ni or ni argent n'étaient utilisées, mais plutôt des pierres et des céramiques. C'est pour cela que les Espagnols abandonnèrent leur pillage pour se diriger vers Cusco et ses environs, plus riches.
À chaque extrémité du complexe de Kuelap ont été découverts un mausolée et une construction mortuaire. À l'intérieur de ces mausolées, les corps étaient disposés en position fœtale pour permettre aux morts de revenir au moment de leur création. Comme beaucoup de civilisations pré-incas, les Chachapoyas croyaient que les morts allaient renaître. C'est pour cela qu'ils les mettaient dans le ventre de la terre-mère. De l'autre côté, dans la construction mortuaire, il n'y avait pas de porte. Seule une ouverture sur le toit de 70 cm donnait accès à l'intérieur afin de permettre aux morts de communiquer avec le ciel.
Fait surprenant, des projectiles circulaires - destinés à être utilisés avec des lance-pierres - ont été trouvés sur le site. Mais ce n'était pas un système de défense : les Chachapoyas lançaient ces pierres au ciel pour implorer les dieux d'amener la pluie !
Kuelap est une véritable merveille. Voir ces édifications de pierre à travers une nature presque intacte, en ne croisant qu'une poignée de touristes est vraiment une chance. À ce jour, seulement 10% de la citadelle a été découverte et étudiée, par manque d'argent pour effectuer des recherches. Elle a donc encore beaucoup de secrets à dévoiler.
Jour 2 : Randonnée jusqu'aux chutes de Gocta
Après avoir pris un bus pour arriver au dernier petit village, Cocachimba, ce sont 2h30 de randonnée qui m'attendent. Avec le climat tropical, la succession de montées et descentes n'est pas toujours facile. Pour ceux qui ne sont pas très sportifs, il est possible de faire le chemin à cheval. En marchant, on peut observer de nombreuses fleurs, arbres et papillons. Il y a aussi quelques champs de café et de sucre de canne.
Tout au long du trajet on aperçoit les chutes de Gocta au loin.
Une dame m'offre de l'eau de canne fraîchement pressé. Un peu trop sucré pour moi, mais ça me donnera des forces pour la suite !
En réalité les chutes de Gocta n'ont été dévoilées au monde qu'en 2005. Stefan Ziemendorff, Allemand qui était en expédition pour trouver des momies, avait vu ces chutes de loin. Il voulait s'en approcher car il les trouvait étonnamment hautes. À ce moment, aucun chemin n'était tracé et il ne voulait pas s'y aventurer seul, mais personne ne voulait l'y amener. Pourquoi ? Car les habitants avaient peur de la cascade. Les habitants des alentours connaissaient la cascade, bien entendu, mais ne s'y étaient jamais approchés. Selon les légendes locales, ceux qui osaient s'y aventurer se faisaient ensorceler par des sirènes.
Après plusieurs mois, quelqu'un accepta enfin de l'accompagner. Une fois sur place, il décida de mesurer sa hauteur, puis contacta National Geographic pour valider les mesures. Et c'est donc en 2006 que les chutes de Gocta ont été reconnues comme étant les 3èmes chutes les plus hautes au monde*. Elles sont composées de deux chutes successives, de 231 mètres et de 540 mètres, pour un total de 771m de hauteur.
*Le classement a entre-temps légèrement changé suite à la découverte de nouvelles chutes dans le monde. Tout dépend des critères de classification car certains parle de chute libre, d'autres du nombre de chutes totales, etc. Ce qui est sûr, c'est qu'elles sont définitivement impressionnantes et magnifiques. C'était la première fois pour moi que je me retrouvais devant un tel spectacle.
Une fois arrivé, on se sent tout petit. Elles sont majestueuses et impressionnante. Durant la saison des pluies, leur débit d'eau est encore plus important. En m'approchant, j'ai tout de suite senti la fraîcheur des gouttes d'eau. La puissance du choc de l'eau sur les pierres crée sur une magnifique vapeur enveloppante.
Après avoir pris une bonne " douche ", je retourne, à mon rythme à Cocachimba, fière d'avoir réussi à faire la randonnée à pied.
Le lendemain, c'est avec tristesse que je reprends le bus pour rentrer. Ce fût un voyage court, mais intense. Chachapoyas et ses environs ont énormément à offrir, avec une population accueillante et des attraits encore peu fréquentés par les touristes.
C'est un de mes coups de cœur du Pérou et si c'était à refaire, j'y resterais quelques jours de plus.
Infos pratiques pour Chachapoyas
Transport depuis Lima (2 options) :
- Prendre un avion jusqu'à Tarapoto. Coût : environ 100 $USD l'aller en fonction de la période de réservation. Il faut ensuite prendre un combi pendant 8-9 heures pour arriver à Chachapoyas.
- Prendre directement un bus de Lima à Chachapoyas. Durée du trajet : environ 22 heures, prix : 130 soles l'aller (soit environ 40$USD), avec la compagnie de bus Movil Tours.
Pour ma part, c'est la dernière option que j'ai choisie. C'est certes assez long, mais les paysages sont très beaux, et aucun changement n'est à effectuer. Et puis j'aime le bus et l'aventure !
Hébergement à Chachapoyas:Il existe plusieurs options d'hébergement pour tous les budgets, du backpackers de base, jusqu'à l'hôtel de luxe, en passant par les éco-lodges.
Personnellement, j'ai décidé de me loger au Chachapoyas Backpacker (Dos de Mayo 639, Chachapoyas). La nuit pour une personne en dortoir de 4 personnes coûte 18 soles, tout est très propre, et il y a même une cuisine à disposition. Mais surtout José, le gérant de ce backpackers, est adorable. Il connaît même quelques mots de français et sera toujours disponible et content de vous aider ou vous en dire plus sur sa région, les activités à faire etc. Je m'y suis sentie bien, et c'est important, surtout si on voyage seule.
Faut-il passer par une agence ?Tout dépend du temps que vous avez et de votre volonté d'organisation.
Dans mon cas, je n'avais pas beaucoup de temps, j'ai donc décidé de passer par Turismo Explorer qui organise des petits tours d'une journée dans la région. Par exemple, pour Kuelap, en solo il faut compter 5h à pied l'aller (9km), en montée constante, uniquement pour se rendre à l'entrée alors qu'une agence nous y emmène directement. Sans compter que j'aurais dû trouver un logement pour la nuit à Kuelap ou au village de Maria, à réserver sur place (car il n'y a pas internet). Ça fait partie de l'aventure et je l'ai souvent fait ailleurs, mais cette fois-ci je voulais uniquement me concentrer sur les visites.
Ceci dit, si vous cherchez un package de plusieurs jours avec visites guidées et hébergement, je vous recommande Phima Voyages, l'agence partenaire de Voyage Perou!
Comment y aller en solo ?Kuelap: il y a deux options. La première est de se lever à 3am et prendre un bus jusqu'au village de Maria (demandez aux locaux) pour 18 soles. À 6 am, il n'y aura plus de bus vers Maria (qui est plus direct), et vous devrez prendre le bus jusqu'au village de Tingo pour 7 soles. De Tingo, il est soit possible de prendre un taxi, ou marcher 4-5h en montée constante jusqu'à Kuelap. Un taxi pourra aussi vous emmener de Chachapoyas pour 125-150 soles aller-retour avec attente sur le site. Mais je ne recommande pas cette dernière option car elle est beaucoup plus chère qu'un tour, à vous de voir! Entrée : 20 soles par personne. Guide : 30 soles pour le groupe.
Gocta : il faut prendre un bus jusqu'à Cocachimba, puis marcher 3-4h sur un chemin (bien indiqué) jusqu'à Gocta. Entrée : 10 soles.
Quoi apporter à Chachapoyas?De bon souliers de marche, un imperméable car les pluies sont assez fréquentes (surtout de décembre à début mai) de la crème solaire, de l'eau, et un chapeau pour vous couvrir du soleil. N'oubliez pas également des snacks pour les randonnées car il n'est pas facile d'en trouver en chemin.
À goûter sur place :La région a plusieurs spécialités, comme la truite d'eau douce que j'ai eu le plaisir de goûter : délicieuse ! Côté alcool, vous pouvez goûter à l'aguardiente (eau-de-vie) artisanale, à base de sucre de canne.
À voir également dans la région :- Les sarcophages de Karajia
- Les mausolées de Revash
- Le musée de Leymebamba
- La lagune des Condors
- Les chutes de Yumbilla
- La vallée de Huaylla Belen
- Le Canyon del Sonche
- Le pozo Yanayacu
- La lagune Pomacochas