Le camion conduit par un homme à travers la foule le 14 juillet, n'aurait pas dû se trouver sur la promenade des Anglais I afp.com/BORIS HORVAT
Pour la première fois, Franck, "le héros au scooter", témoigne de son expérience inédite au cours d'un entretien organisé par nos confrères de Nice-Matin. De son geste héroïque, l'homme garde une côte cassée, des hématomes sur le dos… et des séquelles psychologiques. Le 14 juillet, avec son épouse, cet employé de l'aéroport de Nice âgé de 50 ans a pris son scooter pour aller sur la Promenade des Anglais. « Je voulais aller au feu d’artifice, mais on est parti trop tard. Alors j’ai dit à ma femme, ce n’est pas grave allons manger une glace sur le Cours Saleya… Je me revois passer le carrefour de Magnan, tout allait bien. On croisait les gens qui commençaient à rentrer chez eux… Une fois arrivé au niveau du Centre universitaire méditerranéen, on a senti un mouvement de foule venir dans notre dos. (...) Je devais rouler à 60 km/h. Je n’ai même pas eu le temps de regarder dans mon rétroviseur. Et là, le camion m’a doublé à fond. Il roulait sur le trottoir". Franck dépose alors son épouse, et fonce scooter en main vers le camion fou, dans une course poursuite singulière : "Pour le rattraper, il fallait slalomer, entre les gens, vivants et morts". Arrivé à la hauteur du 19 tonnes conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, "je voulais à tout prix l’arrêter. J’étais dans un état second, mais à la fois lucide. Je suis donc parvenu à me mettre sur sa gauche, mon objectif était d’atteindre la cabine".
Arrivé à son niveau, "je me suis questionné : qu’est-ce que tu vas faire avec ton pauvre scooter ? C’est alors que je l’ai jeté contre le camion. J’ai continué à courir après lui. Je me souviens être tombé puis reparti à toutes jambes. Je ne sais plus ce que je faisais. Et finalement je suis me suis accroché à la cabine". Franck parvient à se hisser côté conducteur : "J’étais sur les marches au niveau de la fenêtre ouverte, face à lui. Je l’ai frappé, frappé, et frappé encore (...) Il me visait de son arme, appuyait sur la gâchette, mais ça ne marchait pas. J’avais l’impression qu’il essayait de le manipuler ou de le charger, je n’en sais rien. J’étais lucide et prêt à mourir pour l’arrêter". Le conducteur fou de 31 ans assène alors à l'homme un coup de crosse sur le crâne. L'homme tombe au terre. Les policiers arriveront finalement à neutraliser le camion… FG