MARS 1971
Les ailes de la Rolls effleuraient les pylônes...
Voici donc le chef d'oeuvre promis.
Poème pop intemporel de 28 minutes chrono.
Un disque qui ignominieusement, ne crédite pas Jean-Claude Vannier comme co-auteur de la chose.
Prince des ténèbres, archange maudit...
Car il est vrai que Gainsbourg arriva en studio sans rien, avec une vague idée de ce qu'il voulait faire et que Vannier combla les nombreux trous de milles trouvailles soniques et mélodies géniales.
Et ne parlons pas de son boulot principal d'arrangeur.
Du pur génie, faisant école aujourd'hui encore, ayant inspiré la french touch comme la nouvelle pop anglaise.
Gainsbourg et Vannier atteignent ici leur sommet artistique, et Histoire de Melody Nelson, un flop total à sa sortie, restera longtemps comme l'une des seules grandes oeuvre culte de la pop française.
Et puis il y a le charme de Jane/Melody en rouquine, enlaçant son orang-outang sur la pochette, cachant en réalité une petite Charlotte naissante.
Melody (Serge Gainsbourg) Serge & Jane
Ballade de Melody Nelson (Serge Gainsbourg) Serge & Jane
Valse de Melody (Serge Gainsbourg) Serge Gainsbourg
Ah! Melody (Serge Gainsbourg) Serge Gainsbourg
L'hôtel particulier (Serge Gainsbourg) Serge Gainsbourg
En Melody (Serge Gainsbourg) Jane Birkin
Cargo culte (Serge Gainsbourg) Serge & Jane
Sur les rééditions récentes, on a découvert l'inédit:
Melody lit Babar (Serge Gainsbourg) Serge Gainsbourg
Melody
Le narrateur conduit maladroitement une Rolls et renverse une cycliste de 15 ans, jeune rouquine au doux nom de Melody Nelson.
Narration déclamée sur une basse toute en velours, balayée par une batterie qui s'impose peu à peu, et secouée par des éclats de guitares en furie, avant que les cordes ne viennent soulever le tout pour l'emmener beaucoup plus haut.
(Serge-Tu t'appelles comment?
Jane-Melody!
Serge-Melody comment?
Jane-Melody Nelson)
Ballade de Melody Nelson
Le narrateur tombe amoureux fou de la jeune Melody.
(Serge-Ça, c'est l'histoire de...
Jane-Melody Nelson!
Serge-Qu'à part moi-même personne,
N'a jamais pris dans ses bras,
Ça vous étonne, mais c'est comme ça.
Serge-Elle avait de l'amour, pauvre
Jane-Melody Nelson!
Serge-Ouais, elle en avait des tonnes,
Mais ses jours étaient comptés:
Quatorze automnes et quinze étés.
Serge-Un petit animal que cette
Jane-Melody Nelson!
Serge-Une adorable garçonne,
Et si délicieuse enfant,
Que je n'ai connu qu'un instant.
Serge-Oh ma Melody, ma
Jane-Melody Nelson!
Serge-Aimable petite conne!
Tu étais la condition,
Sine qua non, de ma raison.)
Valse de Melody
Conscient de l'impasse de leur amour, le narrateur déprime...
(Le soleil est rare, et le bonheur aussi,
L'amour s'égare au long de la vie.
Le soleil est rare et le bonheur aussi,
Mais tout bouge au bras de Melody.
Les murs d'enceinte du labyrinthe,
S'entrouvrent sur l'infini.)
Ah! Melody
Rendu fou d'amour pour Melody, il ne peut résister à son charme.
(Ah! Melody,
Tu m'en auras fait faire des conneries.
Hue, Hue et Ho!
A dada sur mon dos.
Oh Melody,
L'amour tu ne sais pas ce que c'est,
Tu me l'as dit, mais tout ce que tu dis est-il vrai?
...
Oh Melody,
Si tu m'as menti j'en ferais,
Une maladie, je ne sais pas ce que je te ferai!)
L'hôtel particulier
Le narrateur entraîne la jeune Melody dans des délices de perversion que c'est dégueulasse mais sexy quand même.
Les arrangements, extrêmements durs et sévères, soulignent un texte dénué de la moindre émotion. Le résultat est juste sublime.
(Au 56, 7, 8 peu importe, de la rue X,
Si vous frappez à la porte,
D'abord un coup puis trois autres, on vous laisse entrer,
Seul et parfois même accompagné.
Une servante, sans dire un mot, vous précède,
Des escaliers, des couloirs sans fin se succèdent,
Décors de bronzes baroques, d'anges d'ors,
D'Aphrodites et de Salomés.
S'il est libre, dites que vous voulez le quarante-quatre.
C'est la chambre qu'ils appellent ici de Cléopâtre.
Dont les colonnes du lit de style rococo,
Sont des nègres portant des flambeaux.
Entre ces esclaves nus taillés dans l'ébène,
Qui seront les témoins muets de cette scène,
Tandis que là-haut, un miroir nous réfléchit
Lentement, j'enlace Melody.)
En Melody
Interlude amoureux. Instrumental entrecoupé des rires de Jane.
On a pas l'air de s'ennuyer en tout cas.
Cargo culte
Melody repart en Angleterre, mais meurt dans un accident d'avion.
Devenu fou, le narrateur invoque les esprits des sorciers de Nouvelle-Guinnée, dans l'espoir délirant qu'un nouvel accident d'avion lui ramène Melody.
Reprise du thème de Melody, accentuant la montée élégiaque des choeurs.
(N'ayant plus rien à perdre, ni Dieu en qui croire,
Afin qu'ils me rendent mes amours dérisoires,
Moi, comme eux, j'ai prié les cargos de la nuit,
Et je garde cette espérance d'un désastre aérien,
Qui me ramènerait Melody.
Mineure, détournée de l'attraction des astres.)
Melody lit Babar
Avec une mélodie aussi barje, ça ne peut-être que du Vannier.
Cette courte chanson détonnait sur le disque et fut écartée du tracklist original.
(Melody lit Babar l'éléphant vert,
Dont le chasseur à tué la maman.
Lit, lit, pleure Melody,
Au lointain la montagne est rose.)
Voilà, j'ai tout dit, j'ai même employé des mots comme "élégiaques" c'est dire si je me suis donné de la peine. A vous de jouer si vous avez aimé ma critique.
Je rajouterais juste que si j'aime Serge Gainsbourg, en plus de son génie musical, c'est aussi parce qu'il représente une liberté absolue, et que cela n'existe plus aujourd'hui.
Je ne vais pas pleurer sur notre conformité ni jouer les vieux aigris en jurant que c'était mieux avant, parce que c'est pas du tout moi, je me permet juste une constatation: au cours des trentes dernières années, nous avons totalement perdu notre liberté de penser.
Ils sont où les nouveaux Gainsbourg, Zappa, Lennon et Marley?
Bientôt, nous perdrons notre liberté tout court.
Mais revenons à la musique, car il n'y a que ça qui compte.
© Pascal Schlaefli
Living in Urba City
21 Juillet 2016
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The Blacksouls (2015)
Un Mystère Pour Mélanie (en cours)
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Blog: Serialangel.centerblog.net
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