L’autre jour, je passais ma soutenance. Si vous n’êtes pas au courant, je viens d’achever ma première année de master et je suis ce qu’on appelle communément une « bonne élève ». Aussi loin que je me souvienne, j’ai rarement été dans l’échec en ce qui concerne ma scolarité, voire même jamais. C’est donc avec une certaine assurance que je me suis rendue à ma soutenance. A la fin de mon oral, le verdict tombe « Tu es immature ». Blessée dans mon orgueil et dans mon estime de moi-même, j’y ai d’abord cru et n’ai rien répondu. Dans ce genre de situation, il vaut mieux laisser sa répartie au placard. Et puis, finalement, avec le recul et après avoir échangé avec mes proches ainsi que des professionnels de mon domaine, j’ai décidé de répondre à ma manière à cette responsable pédagogique aussi peu pédagogue qu’inefficace.
« – Tu es immature »
J’avoue, je suis grillée. A l’âge critique de 24 ans, je suis dans l’obligation de me délester de mes passions d’enfance et d’adolescence pour faire mon entrée dans le monde des adultes. Je ne refuse pas ce nouveau monde, au contraire, je l’accepte très bien. Mais je peux ne pas paraître totalement légitime dans la mesure où, je l’admets, j’ai encore des centres intérêts communs à ceux de mon enfance. Est-ce un drame ? L’adulte a-t-il pour obligation d’abattre la part d’enfant qui dort en lui ? J’ai ma réponse, et elle est négative. J’ai un papa de 51 ans qui adore jouer en ligne tous les soirs à Fifa football. Il n’en reste pas moins un adulte responsable et totalement équilibré. D’ailleurs, je connais beaucoup d’addicts à ces loisirs « réservés aux jeunes ». Comme si nous n’étions plus jeunes ! Qui a dit qu’on était vieux à 24 ans d’ailleurs ???? J’ai une coque de téléphone Stitch qui fait sensation, je suis fan de Disney, de jeux vidéos et je joue depuis peu à Pokémon GO ! D’ailleurs, parlons-en de ce jeu. Certes, lors de mon dernier article, je vous révélais quelques craintes à l’égard de cette toute nouvelle application, quelques petites choses qui m’inquiétaient. Mais c’est surtout l’occasion de réconcilier toute une génération avec un univers qui a bercé son enfance. Une génération dont je fais partie et je m’interdisais pourtant de regarder à nouveau ces épisodes que j’aimais tant, de jouer à la version DS (ou 3DS) parce que cela était réservé aux enfants ou, au mieux, aux jeunes ados. Et là, j’ai l’impression de retrouver mes 7 ans ! Alors zut (vous noterez ma tentative de politesse), est-ce que cela m’empêche toute lucidité à l’égard du monde des adultes ?
« – Ton travail est digne d’un amateur »
Merci Madame. Dans un premier temps, j’ai été blessée. Parce que cela venait bousculer toutes mes certitudes et la confiance que j’avais en moi. Je venais d’être complimentée dans le cadre de mon stage pour les services que je leur rendais. Il m’arrive aussi, à titre bénévole, de réaliser quelques cartes de vœux, des sites webs et des affiches. La satisfaction du client, même s’il n’y a pas d’argent en jeu, est ma priorité, il ne me viendrait pas même à l’idée de proposer un travail bâclé. D’ailleurs, Madame, sachez que je tiens un blog depuis un an maintenant et que je pense avoir une certaine légitimité dans le domaine de la communication (contrairement à ce que vous pensez) et plus spécifiquement du web. Je ne suis pas suivie par des milliers d’internautes, certes, mais je suis un peu suivie quand même.
« – Tu es trop fragile »
Ça, je l’ai souvent entendu. Le jugement est facile, et mon apparence en a trompé plus d’un. J’ai 24 ans, mais j’en parais 18 (et encore). Je suis de taille moyenne, très fine, la peau claire, le visage juvénile et le regard innocent. Et pourtant, je pense avoir du caractère, et je sais râler quand il le faut. Mes proches peuvent en témoigner. Et certains de mes ex-patrons aussi. Ce qui m’agace finalement là-dedans, ce n’est pas d’avoir « raté » ma soutenance. D’ailleurs, je l’ai validée, donc cet article n’est pas le fruit d’une frustration personnelle. Non. Ce qui m’agace profondément, c’est de voir à quel point il est facile de juger. De se contenter de ce qu’on a sous les yeux, comme s’il s’agissait finalement du reflet de ce qu’il y a à l’intérieur. On dit que l’habit ne fait pas le moine. Et Dieu sait si cette expression est véridique. Alors oui, j’ai l’air très jeune. J’ai l’air d’avoir sauté 3 classes alors que j’en ai deux de retard. J’ai 24 ans. C’est bien la preuve que l’apparence ne fait pas tout.
Croyez-moi, chère Madame, j’essaie pourtant bien d’être plus adulte, de paraître plus vieille, d’être professionnelle alors que je n’ai même pas fini ma formation. J’essaie mais je n’y arrive pas. Premièrement car je ne peux pas grandir plus vite que prévu. Deuxièmement, car on ne fabrique pas les gens. Non seulement je ne peux pas correspondre en tout point à ce que vous voulez de moi mais en plus vous faites erreur sur ma personne. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre, sur la vie, sur les gens, mais je sais qui je suis et ce que je vaux. Ainsi, je vous prierai pour la suite, de réfléchir à deux fois avant d’émettre un jugement. Sur ce, Madame, je vous prie d’agréer mes salutations distinguées.