"L'opération a été rondement menée", avait claironné le chef d'état major des armées aprés l'épopée du Ponant. Sarko exprimait sa "gratitude". Morin, son ministre de la défense, ses "félicitations" aux "forces armées, qui ont fait preuve de professionnalisme et de réactivité". Il aurait pu ajouter: et d'une grande capacité d'adaptation dans l'adversité.
Voici le film-catastrophe:
Dés l'annonce de la prise d'otages dans le golfe d'Aden, le "Commandant-Bouan", un bâtiment spécialisé dans la lutte anti-sous-marine, qui faisait des ronds dans l'eau à cent milles de là, rapplique dare-dare.
Idem pour le "Jean-Bart", qui vient de quitter Abou Dhabi. A bord de cette frégate, fatiguée par trente ans de roulis, on pousse les feux. Imprudence fatale. C'est la panne de machine. Aprés rafistolage, le rafiot repart. Pas longtemps. Nouvelle avarie moteur. Les techniciens réparent au fur et à mesure.
Compte tenu de ces performances, une autre frégate, le "Surcouf", qui relâche à Djibouti, est appelée en renfort. Mais à la suite d'un problème technique, elle reste à quai. elle arrivera aprés la bataille.
Coup de bol, le porte-hélicoptères "Jeanne-d'Arc", le fringant navire-école qui n'a que 44 ans, et sa conserve, le "Georges-Leygues", qui l'escorte, passaient par là, en remontant de Madagascar.
La "Jeanne-d'Arc" est priée d'accélérer. A 20 noeuds, au lieu de 12, elle craque de partout, mais la vieille est une dure à cuire.
Ca tombe bien. Car les deux hélicoptères Puma qui devaient appuyer l'opération depuis la côte ont un coup de mou. Le premier est resté cloué au sol. Le second a un clignotant rouge d'alarme qui refuse de s'éteindre.
Le "Georges-Leygues", qui chaperonne la "Jeanne", finira l'équipée complétement out, avec seulement deux alternateurs sur quatre.
Sur zone, l'état-major a envoyé un avion de patrouille maritime, l'"Atlantique2", en service dans les armées depuis vingt-sept ans. Il a pour mission de garder le "Ponant" à l'oeil. Mais l'un de ses deux moteurs tombe en carafe, il manque de sa crasher. Le coucou termine sa course, façon planeur du dimanche, dansle désert du Yemen.
Un autre décolle aussitôt... de Lann-Bihoué, dans le Morbihan, à 6000 km de là, pour prendre le relais. Il lui faut un peu de temps pour rejoindre l'Invincible Armada.
Il faut amener sur place, depuis la France, l'élite de l'élite, les commandos marine Hubert et Pentenfenyo.
A Djibouti, un Transall les prend en charge pur un "tarpon", en langage militaire, un parachutage en mer: 18 commandos marine sont repêchés par l'équipage de l'Aviso.
Pour des raisons juridiques, il faut envoyer aussi des officiers de police judiciaire. Une dizaine de Rambo du GIGN prennent donc le même chemin.
Des nageurs de combat sont de la fête et vont faire un tour sous la coque du voilier. Mais avec 30 otagesà bord, il n'y a pas grand chose à tenter.
Le chef du GIGN, le colonel Denis Favier, et le contre-amiral Marin Gillier, le chef des fusiliers et commandos marine, rejoignent leurs petits gars en parachute. Recueillis, eux aussi, à proximité du "Jean-Bart", enfin arrivé à destination. Un abordage est envisagé. Un gros canot est donc mis à l'eau, et chargé de tout un arsenal, trop lourd ! La barcasse chavire avec armes et soldats. Improvisation d'une opération pour sauver les sauveteurs. Heureusement, les commandos Hubert sont comme des poissons dans cette eau à 27°C. Les hommes sont saufs.
Le 11 avril, rendez-vous sur l'eau pour le paiement de la rançon. Deux millions cent cinquante mille dollars changent de poche. Les otages sont libérés. Une course-poursuite s'engage dans le désert somalien. Le moteur du 4x4 qui emmène les flibustiers est pulvérisé, depuis un hélico, par un tir de fusil.
Les pirates sont arrêtés, une partie de la rançon récupérée. a Paris, Sarko exprime sa "profonde gratitude aux forces armées françaises". Tout est bien qui finit bien. Mais quelle galère !!!