POLITIQUE > Attentat à Nice : prolongation de l'état d'urgence dans une "France à bout de nerfs" et qui "a peur"

Publié le 20 juillet 2016 par Fab @fabrice_gil
Près d'une semaine après l'attentat de Nice, et à la suite du vote nocturne massif de l'Assemblée, le Sénat doit voter à son tour aujourd’hui une prolongation de l'état d'urgence pour six mois, dans un climat tumultueux.

Le Premier ministre Manuel Valls lors du débat sur la prolongation de l'état d'urgence le 19 juillet 2016 à l'Assemblée nationale à Paris I ©AFP FRANCOIS GUILLOT


Peu avant 5H00, au terme d'un examen marathon depuis la veille au soir, les députés ont massivement adopté, par 489 voix contre 26, et 4 abstentions, ce quatrième projet de loi de prorogation, dans un hémicycle bien plus garni d'ordinaire. Les contestataires, quasiment tous à gauche (Front de gauche, écologistes et frondeurs PS), se situaient au même étage que lors des dernières fois. Mais cet unanimisme au moment du vote global masque de profondes divergences droite-gauche notamment sur le placement du curseur des réponses au terrorisme. Alors que Les Républicains ont encore réclamé de "changer le droit", le Premier ministre a rejeté toute "législation d'exception", notamment des centres de rétention pour les personnes suspectes. Le Sénat débattra à 17H00 aujourd'hui, de cette prolongation d’ici à fin janvier de ce régime d'exception, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre. Une prolongation de trois mois avait été décidée par François Hollande quelques heures après l'attaque au camion, revendiquée par Daesh. La chambre haute, à majorité de droite, cherche à "muscler" le texte voté par les députés, qui prévoit désormais une prolongation de six mois de l'état d'urgence, ce que réclamait une partie de l'opposition et ce à quoi le président de la République s'était dit ouvert.Le projet de loi issu de l'Assemblée rétablit aussi les perquisitions administratives suspendues en mai, et prévoit la saisie et l'exploitation des données informatiques et des téléphones portables, mais Les Républicains (LR) veulent plus. Le texte ayant peu de chances d'être adopté dans les mêmes termes au Sénat, une Commission mixte paritaire députés-sénateurs devra se réunir, peut-être dès ce soir. En cas d'échec, le projet de loi pourrait n'être adopté définitivement que vendredi. Depuis l'attentat de Nice, la France est marquée par l'émotion mais aussi la tension, avec un raidissement de la classe politique à l'approche d'échéances électorales internes à la droite puis nationales."Les populismes rôdent"Alors que des élus LR mais aussi d'extrême droite ont encore dressé le procès d'un exécutif n'ayant pas fait (à leurs yeux) tout le nécessaire pour protéger les Français de "la barbarie" due à "l'islam radical", Manuel Valls a affirmé hier soir devant les députés qu'il fallait "plus que jamais faire bloc" car "les populismes rôdent". "Que cherche le terrorisme ? Il cherche à nous diviser, à nous séparer, à nous opposer, à susciter la haine, la suspicion, la querelle, la vindicte", avait dit plus tôt le chef de l’Etat, à Lisbonne. François Hollande appelle les Français à "vivre" et ne pas "mettre un genou à terre", alors que la Promenade des Anglais a totalement rouvert à la circulation, après trois jours de deuil national. Mais à neuf mois de la présidentielle, plusieurs élus de tous bords se sont dits inquiets du climat dans le pays, certains évoquant des "risques d'explosion sociale" voire de "guerre civile" dans une "France à bout de nerfs" et qui "a peur"… JB-M