Un film de Simon Curtis (2015 - USA, UK) avec Helen Mirren, Ryan Reynolds, Daniel Brühl, Antje Traue, Tatiana Maslany, Katie Holmes
Convoitises diverses et variées sur un chef d'oeuvre de Gustav Klimt.
L'histoire : Maria, juive autrichienne, a fui son pays pendant la seconde guerre mondiale et vit désormais en Californie. Sa famille, déportée, fusillée, a aussi été complètement dépouillée par les nazis. Or, ils possédaient d'inestimables oeuvres d'art. Dont un portrait de la tante de Maria par Gustav Klimt, un chef d'oeuvre, désormais exposé dans un musée de Vienne. A la faveur des divers mea culpa des pays nazis, Maria demande la restitution de plusieurs tableaux, dont celui de Klimt, qu'elle chérit particulièrement en souvenir de sa tante bien-aimée. Il vaut sur le marché 100 millions de dollars, l'Autriche n'a pas du tout envie de le lâcher ; il est le clou du musée, et attire des millions de touristes et admirateurs. Début d'une longue procédure judiciaire.
Mon avis : Cette affaire est totalement vraie et, moi qui suis passionnée d'art (et notamment de Klimt) et d'histoire, j'ai adoré suivre tout le récit de cette oeuvre, depuis son exécution par le peintre, la personnalité du modèle (Adèle Bloch-Bauer, tante de Maria), les bonheurs et les malheurs de la famille, au travers des nombreux flash-backs, très élégants (années 20/30), toujours bien amenés. La prestation d'Helen Mirren est évidemment admirable (elle est moins "tirée" que précédemment... et retrouve son vrai visage, ouf !) et elle incarne avec fantaisie et dignité cette vieille dame obstinée. A ses côtés, Ryan Reynolds qui, malgré un rôle écrit un peu trop légèrement, s'en tire fort bien. Le duo fonctionne parfaitement. On sent la tendresse de Maria-Helen pour le jeune Randol-Ryan, et le respect de celui-ci envers son aînée.
Le bémol "bolchévique" qui m'a agacée tout au long du film : OK, c'est un souvenir de famille, OK c'est pas bien de voler ; mais j'ai toujours pensé que les oeuvres d'art devaient être dans les musée pour que tout le monde en profite, pas enfermés dans des demeures privées. La morale est sauve... Maria a fini par le léguer à la Neue Galerie de New York ! Du coup, on se demande un peu pourquoi elle tenait tant à l'avoir chez elle. Une petite vengeance vis-à-vis de l'Autriche sûrement... Après ce qu'elle a vécu, on peut comprendre. Le tableau reste le symbole de sa famille décimée. Mais ça me laisse un petit goût amer en bouche.
Le film ramène d'ailleurs à l'actualité artistique, marquée par de nombreux "échanges" et "restitutions" entre pays, pas seulement pour l'époque nazie ; et les malheureuses destructions de Daech... qui ne sont pas perdues pour tout le monde, croyez-le bien...
J'ai beaucoup aimé le film, mais il me manquait un petit quelque chose. De l'éclat, de la grandeur. En fait j'ai trouvé : malgré toutes ses qualités, il n'arrive pas à égaler le "détail" autour duquel il tourne : le tableau lui-même !