J’aurais voulu être aérien… Nous voudrions voler, a défaut, être plus léger, mais nous refusons la légèreté des esprits imbéciles ; nous sommes graves, mais nous voudrions que rien ne se soumette à la gravité. Des ailes aux pieds, nous voudrions le plus souvent survoler l’existence plutôt que de la vivre, plutôt que de l’accomplir ; et bêtement, nous nous contentons de survoler notre quotidien, automates obéissants et productifs, nous planons dans la nébuleuse de nos pensées grises, nous survolons notre liberté et notre conscience, nous observons de loin le fossé se creuser entre notre vie et ses impératifs minables, sa médiocre inertie, sa quasi inexistence.
Et pourtant, nous existons. Nous respirons parfois de l’air pur, l’air des cimes amoureuses et des plaines amitiés ; nous recrachons parfois de l’air pur, le souffle de l’acte libre, non formaté par une quelconque raison intangible, mais un rapport durable avec nos aspirations créatives.
Nous existons à n’en plus pouvoir. Et nous toussons, souvent. Jusqu'à cracher, parfois.
Nous parcourons sans fin, et nous voudrions choisir nos chemins : il n’y a pas de guide pour nous conduire dans l’existence, vers l’age adulte, la maturité ou la sagesse, il n’y a pas de guide pour nous conduire à notre bonheur, car notre bonheur, s’il est d’un humain, n’est pas celui des hommes. Il n’y a pas de guide à suivre, ils marchent tous à reculons, pour mieux nous acculer à leurs sentiers étroits, et puisqu’il n’y a pas de guide, pas de modèle ou de méthode au devenir humain, nous voudrions tracer nos propres sentiers, nous répugnons à la queue leu leu, aux chemins trop tassés, aux indications péremptoires : nous voudrions voir par nous même, se tromper par nous même ou se trouver par nous même. Non pas que nous refusions l’autre pour nous venir en aide, nous refusons qu’il ne nous exige une discipline trop longtemps, et dont l’arbitraire est sensé se dissiper par l’expérience acquise grâce à notre obéissance…
Nous refusons ? Qui refuse ? Comment on refuse ? Dans quelle mesure refuse-t-on et peut-on refuser ; et alors, que refuse-t-on ?
Finalement, il s’agit de refuser les lignes droites, les programmes figées, qui s’imposent à l’homme comme un discours, une logique, un ordre transcendant. Finalement, il s’agit d’exiger que tous chemins mènent à un carrefour.
Des carrefours ? Les lignes droites ont prétentions de dépasser les labyrinthes, les tergiversations… Perdrions-nous notre temps à prendre notre temps ? Les lignes droites prétendent s’affranchir des obstacles, or cet affranchissement de la théorie par rapport aux faits ne peut se réaliser sans tyrannie, car les faits a franchir sont ceux d’hommes et de femmes…
Des carrefours, pour qu’aucune de nos voies tracées n’encastrent les possibles vers l’accomplissement d’une idiotie théorique, et donc d’un processus d’auto destruction ; notre labyrinthe, comme l’ensemble de nos chemins qui se croisent, s’il est certain qu’il y faut de grandes places et de larges allées, il y faudra aussi de multiples croisements, des chemins à foison, des places plus modestes, et surtout, la possibilité de défricher soi-même sur les bas cotés, la possibilité de voir qu’il y a terres inconnues, et donc de pouvoir les explorer, d’en pouvoir témoigner aux nouveaux embranchement.
… Des petits fours, tout cher à déguster, qu’il nous faudrait cuisiner, qu’il nous faudrait toaster par notre propre chaleur
- la belle ironie… Rien de mieux, pour te moquer ?
… Me moquer, moi ? Te divertir, rien de plus
- merci bien, je peux continuer ?
… à ton aise ….
* La métaphore de l’arbre.
Notre humanité : un arbre. Un seul arbre, ou presque, a mesure que nous nous mondialisons. D’une foret nous essayons de former un arbre immense. L’individu : une pousse, une nouvelle petite branche, qui pourra pousser et déployer ses feuilles en fonction de l’ombre que lui feront les pousses au dessus de lui, à moins que la structure de la plante n’amène toutes pousses a un même sommet… Hiérarchie : répartition verticale déterminant l’accès à la lumière. Et nous transformons la foret en un seul arbre en ayant fait grandir l’arbre maître, jusqu'à ce qu’il soit le seul sur lequel puisse pousser de nouvelles pousses. Et l’arbre maître est comme un buisson maintes fois taillé, afin que plus de pousses puissent y prendre place : pour quelques pousses vertes qui profite du soleil pleinement, bien plus de branche presque mortes qui s’épuisent a l’ombre, afin de faire parvenir à ceux qui bronzent les apports nécessaire des bas fond, de l’exploitation de la terre.
…La métaphore du cactus : la vie est un désert remplit de plantes qui piquent
- Toujours rien de mieux, ton sarcasme est léger, comme hors sujet
… Simple détente verbale
- mais je t’en pris, détends toi…
… C’est déjà fait…
- presque nulle…