En identifiant un récepteur chimique unique du cerveau qui agit tel un interrupteur de nombreux symptômes des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) chez la souris, cette équipe de l’Université de Duke a peut-être aussi trouvé le médicament pour mieux les gérer. Car des molécules qui ciblent cet interrupteur sont déjà disponibles. Ces travaux présentés dans la revue Biological Psychiatry viennent confirmer de précédentes recherches et ouvrent l’espoir d’un traitement à efficacité immédiate des TOC mais aussi d’autres troubles du comportement.
L’équipe de la Duke, qui travaille depuis des années sur le sujet, a développé en 2007, un modèle » souris » de TOC par suppression d’un gène qui code pour Sapap3, une protéine qui contribue à organiser les connexions entre les neurones et indispensable aux cellules pour communiquer. Leur souris génétiquement modifiée va, entre autres TOC, faire très fréquemment sa toilette. Elle présente un déséquilibre de l’activité du cerveau impliquée dans ce comportement compulsif et les cellules responsables de ces comportements compulsifs sont plus actives.
Un récepteur nommé mGluR5 : L’équipe constate ici que le blocage d’un récepteur du cerveau appelée mGluR5 rétablit l’équilibre de l’activité entre ces cellules dites "go" (rouge) et les cellules qui inhibent l’action ou » no go » (en vert sur visuel ci-contre). La suractivité de ce récepteur mGluR5, dans le striatum, une zone du cerveau impliquée dans les comportements compulsifs apparaît ainsi comme le principal moteur des comportements anormaux.
Des mGluR5-bloquants pour calmer les TOC? Lorsque les chercheurs donnent aux souris modèle de TOC un composé chimique qui bloque mGluR5, l’anxiété et les comportements répétitifs sont réduits chez l’animal. Et la réversibilité des symptômes est immédiate, remarquent les chercheurs. Les patients atteints de TOC pourraient donc -sous réserve de confirmation chez l’Homme- être très sensibles à cette classe de médicaments, qui existe déjà et est en cours de tests cliniques. Un résultat peu surprenant si l’on prend en compte de précédentes études, menées elles-aussi chez l’animal et portant sur l’autisme et le syndrome du X fragile. Ces études montrent également l’efficacité de molécules (dont » GRN-529 « ) sur les symptômes tels qu’un comportement social inhabituel ou une répétitivité des mouvements, chez des souris modèles d’autisme. D’autres axes de recherche ont exploré le ciblage mGluR5 avec des médicaments pour moduler son activité dans le cerveau. Des mGluR5-bloquants sont aussi envisagés pour le traitement de la maladie de Parkinson.
Bref, de nouveaux résultats qui apportent un grand espoir pour mieux gérer ce trouble, handicapant au quotidien, mais aussi d’autres troubles neuro-développementaux et du comportement.
Source: Biological Psychiatry July 2016 DOI: 10.1016/j.biopsych.2016.04.023 Increased mGluR5 Signaling Underlies OCD-Like Behavioral And Striatal Circuit Abnormalities In Mice