Le procureur de la République, François Molins, à Paris le 18 juillet 2016 I AFP François Guillot
Le bilan est de "84 personnes décédées", parmi lesquelles dix enfants et adolescents, "74 blessés toujours hospitalisés, 28 sont en réanimation, avec un pronostic vital engagé pour 19 d'entre eux. A ce jour et à cette heure, 71 victimes décédées ont été formellement identifiées, 52 permis d'inhumer ont été délivrés."
Préméditation - "Les investigations permettent à ce stade d'établir le caractère prémédité de l'attentat commis le 14 juillet à Nice." Mohamed Lahouaiej Bouhlel a pris contact avec une société de location de Saint-Laurent du Var le 4 juillet, afin de réserver le camion pour la semaine du 11 juillet. "Plusieurs photographies extraites du téléphone portable du terroriste indiquent que ce dernier s'est rendu à plusieurs reprises sur la Promenade des Anglais, ces déplacements pouvant correspondre à des repérages préalables de son forfait" : un cliché "pris depuis la place du conducteur du camion" et "plusieurs selfies de l'auteur pris le 14 juillet sur la Promenade des Anglais". "L'exploitation de vidéosurveillance de la ville de Nice confirme que le terroriste s'est rendu avant la commission de son acte criminel au volant du camion sur la Promenade des Anglais", le 12 juillet et le 13 juillet. Sur son ordinateur, est trouvée la trace de "plusieurs recherches internet depuis le 1er juillet 2016 concernant les festivités" à Nice, des recherches de vidéos sur de "terribles" ou "horribles" accidents de la circulation, et d'autres recherches sur "la location de camions poids-lourds", et sur une adresse d'armurerie à Nice. Par ailleurs, Mohamed Lahouaiej Bouhlel "semblait avoir besoin d'argent (...) il a tenté de contracter un prêt à la consommation de 5.000 euros" qui lui a été refusé le 28 juin. Il a également "tenté de retirer 1.000 euros le 14 juillet 2016 à un distributeur automatique de billets mais n'a pu retirer que 550 euros". Il a aussi vendu son véhicule la veille des faits. "L'ensemble de ces éléments conduit à analyser les faits comme un attentat pensé et préparé, au moins dans les jours précédant le passage à l'acte."
Complicité - Six personnes sont toujours en garde à vue, "des personnes soupçonnées d'avoir pu être en contact avec l'auteur de l'attentat, ou d'avoir pu lui apporter une aide logistique, notamment dans la fourniture de l'arme dont il a fait usage". "L'un des gardés à vue apparaît comme le destinataire d'un SMS envoyé par le terroriste dans les minutes précédant son passage à l'acte le 14 juillet très précisément à 22H27, mentionnant l'acquisition de pistolets." "De nombreuses investigations sont encore en cours sur les SMS et appels téléphoniques passés par le terroriste le jour des faits et les jours précédant les faits afin d'identifier l'ensemble de ses correspondants et la teneur des messages échangés."
Personnalité et radicalisation - L’homme est décrit comme un "individu très éloigné des considérations religieuses", "consommant de la drogue", ayant une "vie sexuelle débridée". Selon un témoignage, "depuis 8 jours, il s'était fait pousser la barbe" et expliquait "que la signification de cette barbe était religieuse". Il montrait un "intérêt certain et à ce stade récent envers la mouvance islamiste radicale". Entre le 1er et le 13 juillet, il fait des "recherches quasi quotidiennes de sourates du Coran", mais aussi des recherches sur les fusillades d'Orlando et de Dallas, ainsi que sur l'attaque de Magnanville (Yvelines). Toutefois, la radicalisation pourrait être plus ancienne. Un autre témoin, a raconté que l'homme lui avait montré "il y a environ sept à huit mois" une vidéo de décapitation d'otage, rétorquant, face à son étonnement : "Je suis habitué." Une photographie trouvée dans son téléphone portable correspond aussi "à un article de presse du journal Nice Matin, daté du 1er janvier 2016, photo prise le même jour". Le titre de l'article : "Il fonce volontairement sur la terrasse d'un restaurant..." JB-M