On en a de la chance, beaucoup de chance, de pouvoir rencontrer des gens toujours plus talentueux et inspirants. C’est le cas de Léa Maupetit, dont vous connaissez sûrement le nom, artiste illustratrice qui nous émerveille avec ses magnifiques peintures. On connaissait son travail depuis un moment mais c’est lors de son vernissage à la boutique Klin D’Oeil que nous avons eu l’occasion de la rencontrer, de discuter de tout, de rien, de chien et de poire. Nous en avons profité pour lui demander si on pourrait à l’occasion venir chez elle pour qu’elle nous en dise plus sur son travail. Quelques échanges de mail plus tard, nous grimpions les 6 étages menant à son appartement parisien pour pénétrer dans l’univers de Léa Maupetit. Autours d’une citronnade maison et entouré de ses nombreuses plantes, Léa nous a raconté son univers si particulier fait de couleurs et de motifs.
Risographie Philippe Bretin
Parcours
Bien que dessinant depuis toute petite, comme de nombreux enfants, Léa n’avait pas prévu de devenir illustratrice. Elle se retrouve un peu par hasard en fac d’histoire de l’art et l’expérience, bien qu’intéressante, n’est pas très concluante. Il faut dire que l’ambiance de la fac ne lui convient pas. Un manque de connexion avec les étudiants et un manque de créativité aussi, qui l’amène à s’inscrire à l’ECV, en option graphisme. En troisième année, elle choisi l’option illustration mais là encore le doute de ne pas être à sa place est fort. C’est finalement lors de son master en typographie que la machine se met en marche naturellement. Contactée pour réaliser des illustrations, elle entreprend les démarches auprès de la maison des artistes avant d’avoir valider son diplôme et la voilà illustratice un peu malgré elle. Léa nous avoue avoir eu pendant longtemps une facilité à abandonner les choses. Si un dessin n’était pas réussi c’est qu’elle n’était pas faite pour ça. Mais si à la base elle ne voulait pas se battre pour l’illustration, c’est l’illustration qui s’est imposée à elle. En s’installant pour la première fois à son bureau dans son nouvel appartement, elle a su que c’était bon, c’était ça. Elle est illustratrice et a acquis la force et la maturité de ne plus laisser tomber et de se faire confiance.
Création et savoir-faire
De Léa, nous connaissons surtout ses prints et risographie grâce au succès de certaines de ses images, en particulier La Piscine. Une amie lui a même fait remarquer que La Piscine était un peu l’enfant parfait qui éclipse les autres rejetons. Car Léa est une jeune femme très productive à la technique particulière. Avant d’exister en édition, son travail est pensé et réalisé en peinture. Un travail à la gouache et à l’acrylique qui l’amène à réfléchir régulièrement sur la place de l’original dans la création. Toutes ses peintures ne deviendront pas des impressions mais lorsqu’elles sont sélectionnées, un nouveau travail de couleur commence. En effet, l’étendue de la gamme colorée possible en risographie est bien plus restreinte que l’immensité des variables de la peinture. Au lieu d’essayer d’obtenir des couleurs proches de l’original, Léa préfère totalement les modifier pour créer une nouvelle image. Le multiple est proche de la matrice mais s’en éloigne aussi. Une autre façon de se détacher de son travail.
Même si Léa adore travailler seule, elle est souvent sujette à une sorte de « mélancolie intérieure ». La rencontre avec le public est alors plus que primordiale. Vécue comme un rendez-vous avec le monde, Léa prend plaisir à vivre ses moments. Une façon de « décadrer l’acte de peindre » en regardant les autres regarder ce qu’elle fait.
Développer son projet
À l’air du numérique, travailler l’illustration à la peinture serait presque un acte militant. Contrairement à Photoshop il est impossible d’effectuer un Z sur sa feuille de papier. Pour ses commandes, le travail en amont est primordial. Les croquis préparatoires, souvent très simples lorsque Léa dessine pour elle, deviennent extrêmement précis lorsqu’elle s’adresse à un client. Une fois validés, la peinture peut alors être réalisée en toute sérénité. Une manière de travailler un peu en décalage avec sa façon assez instinctive d’aborder la peinture. Car Léa veut peindre. Souvent vécu dans la joie en enchaînant peinture sur peinture il arrive parfois que le filtre de la critique personnel soit un peu en sourdine. Dans ces moments l’impression d’inventer un truc, de se raconter des histoires doit être contrôlé au risque de finir par réaliser trop tard que la voie n’était pas la bonne. S’essorer jusqu’à comprendre que c’est raté. Mais ces erreurs font partie intégrante du processus de création et sont importantes pour travailler son regard et son propre jugement. L’inspiration aussi est importante pour développer sa pratique. Allant à l’encontre d’une mouvance minimaliste omniprésente sur Instagram, Léa aime se remplir. Remplir son intérieur qui est son espace de création par des objets, des couleurs, des textures et des formes.
La suite ?
Comme tous les créateurs sous le feu des projecteurs, Léa se demande parfois si les choses pourront durer de la sorte. Sans craindre réellement le futur, elle veut pouvoir se diversifier. Pour elle avant tout. Pour ne pas s’enfermer dans une routine. Inventer de nouveau livre, imaginer des tapis, illustrer des supports toujours plus varier pour faire perdurer l’envie de création. Elle a mille et un projets sur le feu, mais elle prends le temps. Celui de profiter de ce qu’il se passe, sans foncer tête baissé. A l’heure où l’article sera publié, Léa est en Chine, pour une exposition qu’elle a préparé pendant de longs mois. On lui souhaite encore mille expositions, mille voyages, mille peintures et mille succès. Son travail nous touche, beaucoup, et on a envie de suivre son univers coloré, graphique, doux,