Titus, avant déménagement

Publié le 18 juillet 2016 par Doudonleblog

Juin 2016. Il va déménager bientôt. Vite! Que je fasse le portrait de cet atelier avant qu’il ne change. Ce n’est pas un capharnaüm indescriptible. Je me sens assez disposée à le décrire!

La vieille porte en bois, à la peinture écaillée (celle d’un ancien garage) donne l’info: « Le Pèse-Nerf ». Tu y es ( il faudra que tu demandes un jour pourquoi le dénommé Titus se fait appeler du titre d’un texte de Artaud). Tu entres. Euh! Tu te poses aussitôt la question du trajet pour rejoindre les élèves et le maître des lieux. Ils sont là. Tout près. La pièce n’est pas si grande. Mais entre toi et eux il y a des vélos, des cartons, des chevalets, des piliers, des sceaux, des caisses… Tu plonges.

Le sol est joliment maculé de taches de peinture. Devant toi, au fond, un mur brut, avec pierres disparates et fissures. Au-dessus, des fils électriques (sagement gainés quand même) sont en balade et un long tuyau tordu saute d’un mur à l’autre. Tu te retournes. En face, contre les vitres grillagées de la rue, une grande table disparaît sous un vrai fouillis d’atelier.  Amoncellements de chiffons salis, des centaines de pinceaux qui trempent, une foule de gros tubes de peinture aplatis et avachis… Deux ou trois vélos se balancent au plafond. De vieux néons blafards se font oublier là-haut. Des piles bancales et branlantes de dizaines de magazines, livres et papiers s’appuient vaillamment contre la fenêtre.

Tu souris. Tu es bien. Tu entends discuter et blaguer les artistes, ça bavarde mais ça travaille. Tu reviens vers eux. On te propose un café et un morceau de gâteau. Musique de fond.

Tu regardes comment bouge le crayon, le doigt, la craie ou le pinceau sur ces toiles ou ces espèces de tableaux noirs, œuvres en devenir. L’air de rien, Titus guide, explique, conseille…Reprend un trait, rectifie une ombre…Félicite, corrige, fume une cigarette, philosophe un brin… Les choses se font et se disent en souplesse.

Un masque en carton noir est accroché quelque part. Deux poupées sont suspendues au mur. Un espace repos se fait discret dans un coin (fauteuil de jardin, lit, couette en vrac…).

Et alors… Bien plus forts que le fouillis-foutoir (au fait! Pas aperçu une seule toile d’araignée!), tu retiendras les portraits que tu as vu émerger ici et là dans cet atelier. Posés au sol, à la va-comme-je-te-pousse. Ils t’auront marqué. Leur regard te restera au cœur. Réalisés par Titus ou par ses élèves… Encore en gestation ou prêts à être accueillis par quelqu’un.

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