DOSSIER BRUXELLES | Remember Souvenir, Denis Meyers

Par Elledit8 @elledit8

Bruxelles est décidément une ville pleine de surprises! J'ai eu le privilège d'être conviée par l'office du tourisme Visit Brussels à un Instameet aux côtés d'une jolie brochette d'Instagramers. Gérard (alias @superchinois801) leur a soufflé l'idée de réunir des profils divers pour faire rayonner Bruxelles. L'équipe en charge du planning nous a concocté un programme passionnant autour de la culture et de la gastronomie: mes thématiques chouchou! Au cours de ce week-end j'ai eu un énorme coup de coeur pour l'exposition éphémère Remember Souvenir de Denis Meyers, en présence de l'artiste s'il-vous-plaît. Quel honneur! Il nous a raconté la démarche qui l'a mené de ses carnets aux murs de l'immeuble voué à la démolition où nous nous trouvions. Pas moins de 8 mois et demi de travail ont été nécessaires pour réaliser cette oeuvre magistrale ouverte au public jusqu'au 3 juillet dernier.

Qui est Denis Meyers?

Notre guide de l'association Arkadia nous a raconté des petits bouts du parcours de Denis Meyers pour mieux appréhender Remember Souvenir. Lorsque l'artiste a su que l'immeuble de son quartier serait démoli en faveur d'un programme immobilier haut de gamme, il a décidé de se lancer dans une folle aventure: investir les lieux et s'y exprimer sur les murs avec des graphes, des dessins, des messages. Il sort d'une rupture et va articuler tout ce qu'il entreprend autour de thématiques liées à la mort, à la renaissance, la résurrection...

Le projet fort ambitieux mettra plus de deux ans à voir le jour. Denis Meyers ne laissera pas les embûches administratives se mettre en travers de sa route. Une fois les accords obtenus, il bravera le froid, la poussière, l'humidité, l'obscurité, la solitude pour réaliser ce qu'il a en tête. Ses deux enfants l'accompagneront de temps en temps. Dans cet univers noir et blanc, on ne peut s'empêcher de sourire devant l'arc-en-ciel touchant de leur passage dans une pièce à l'étage. Remember Souvenir, c'est une affaire de famille: une fois le challenge de taille relevé, c'est le père de Denis Meyers qui a installé un système électrique pour mettre en lumière l'exposition. Joli geste!

Pour l'anecdote, le grand-père de Denis Meyers était lui aussi graphiste. Il a participé à l'exposition de 1958 à l'Atomium et est à l'origine de l'école de graphisme où a étudié son petit-fils quelques décennies plus tard. Un bel hommage lui est rendu dans l'une des salles à l'étage.

Emotion

Vous connaissez mon amour pour les mots. Denis Meyers a couché sur les murs les mots qui hantent son esprit: espérer, provoquer, consoler, jouer, améliorer, mourir, défendre, aimer, avouer, pardonner, regretter, donner, reprendre, souffler, repentir... Explorer l'immeuble de salle en salle, d'un étage à un autre et mesurer (ou supposer) l'étendue du travail accompli prend aux tripes. La symbolique est forte. Seul Denis Meyers sait tout ce qu'il a donné à cette oeuvre. D'autres immeubles ont été investi par des artistes, mais la démarche entreprise ici m'a semblé singulière à plus d'un titre.

Ici, Denis Meyers a oeuvré seul ou presque dans un espace gigantesque sur les murs, les portes, les vitres des fenêtres... Seules quelques salles à l'étage ont accueilli le travail d'autres artistes que lui. Ici, la démarche a une dimension cathartique palpable. C'est sans doute cela qui la rend si émouvante. Les mots heurtent, interpellent, bousculent. Ils m'ont bouleversée au moins autant que de savoir que tout sera détruit. Oui, il restera les livres, les articles, les photos, les vidéos, un documentaire, les portes démontées et revendues ici et là mais je ne pourrai plus déambuler dans ces couloirs et m'arrêter devant un pan de mur manqué la fois d'avant. Denis Meyers n'a pas de souci avec cette perspective.

C'est sans doute parce qu'il savait l'immeuble voué à la démolition que Denis Meyers s'est autant dévoilé. L'oeuvre est intime. On le mesure mieux encore en ayant vu la longue silhouette de l'auteur un brin réservé. Il paraît que les visites sont désormais clôturées. Si vous avez le street art, je vous recommande de guetter les comptes de l'artiste sur les réseaux sociaux au cas où il annoncerait un dernier événement, une dernière soirée, un dernier adieu...Ce week-end à Bruxelles m'a donné des envies d'encore... Dans quelques jours on retourne en Belgique, mais avant: RV cette semaine pour les deux autres volets du dossier consacré à la capitale belge. On partira au Radisson Red et on testera trois adresses gourmandes. Encore merci à Visit Brussels et à Gérard. A très vite!DENIS MEYERS

Facebook: Denis Meyers