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POLITIQUE / JUSTICE > Le garde des Sceaux face au casse-tête des prisons surpeuplées

Publié le 18 juillet 2016 par Fab @fabrice_gil
Surpopulation carcérale, manque de personnel d'encadrement, les prisons deviennent plus que jamais des "cocottes-minute" : les professionnels s'alarment, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas tente d'apporter des réponses.

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Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas dans la prison de Ducos en France, le 30 juin 2016 I AFP


Depuis plusieurs mois, le nombre de détenus dans les prisons françaises frôle le record historique établi en avril 2014 avec 68.859 personnes incarcérées. Il était de 68.685 en mai, à peine moins en juin, et le mois de juillet en cours ne s'annonce pas bon. Le tout pour 58.683 places "opérationnelles" et près de 1.500 matelas au sol. Un rapport du Conseil de l'Europe publié en mars classait la France parmi les mauvais élèves en matière de surpopulation carcérale, à la 7e place sur les 47 membres de l'organisation paneuropéenne. Fréquemment, la France est épinglée par la Cour européenne des droits de l'Homme pour "traitements dégradants" des détenus.Les conséquences de cette surpopulation sont connues : tensions et violences entre détenus et contre les surveillants, diminution des activités et moindre disponibilité des conseillers d'insertion. Au final, la prison peine à préparer les détenus à leur sortie, ce qui favorise la récidive. "Nos prisons annoncent les malheurs de demain", a mis en garde Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux. Cette situation a été dénoncée ces derniers mois par les professionnels, avec le blocage en mai du Centre pénitentiaire de Perpignan, une grève à la prison La Farlède, près de Toulon en juin, le blocage de la maison d'arrêt d'Osny (Val-d'Oise) en juillet et la lettre de la directrice de Fleury-Mérogis (Essonne) à sa hiérarchie qui alerte sur "une situation particulièrement inquiétante".Manque de moyensSur les raisons de cette explosion, beaucoup voient les conséquences d'un climat sécuritaire, d'une demande de fermeté de l'opinion nourrie par l'actualité et le débat politique, qui conduirait les juges à durcir les peines. "La durée moyenne des peines a augmenté de 9 à 11 mois, les gens vont plus facilement en prison et plus longtemps", indique Clarisse Taron, du Syndicat de la magistrature (classé à gauche). A cette surpopulation s'ajoute une pénurie de surveillants (4.000 pour un effectif de 27.000) en raison de postes vacants et de l'absentéisme. Sur les solutions, le ministre s'est déjà prononcé pour la construction de nouvelles places de prison. De 2012 à 2015, 3.085 places supplémentaires ont été créées (en tenant compte des fermetures, ndlr). A droite, on juge que 10.000 à 20.000 places nouvelles seraient nécessaires. En tout cas, la construction de nouveaux établissements prend dix ans en moyenne et coûte cher, autour de 200.000 euros par cellule pour une maison d'arrêt de 500 places, selon une source pénitentiaire. "Le principal bénéficiaire du budget de la justice, c'est l'administration pénitentiaire (43% du budget) et en son sein le poids des partenariats public-privé" (PPP), a expliqué récemment Jean-Jacques Urvoas au Sénat. "Nous avons aujourd'hui 50 établissements en PPP qui prennent 50% du budget de fonctionnement de l'AP, ce sont des bombes budgétaires", dénonce la CGT. Alors, où trouver l'argent en période de disette budgétaire ? La contrôleur des prisons Adeline Hazan est, elle, favorable à un "numerus clausus" ou "seuil" au-delà duquel il ne serait plus possible d'incarcérer. JB-M

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