Voici un article de Lysiane J. Baudu du 18/06/08, tiré de la Tribune (merci à Lupus) qui vient nous rappeler que les économies émergentes ne sont pas aussi solides qu'on ne le pense ; pour les pays baltes, une pause est indispensable après plusieurs années de croissance folle... c'est à mon avis un stade nécessaire avant une future reprise.
Après avoir affiché des taux de croissance impressionants, l'Estonie et la Lettonie assistent à un fort ralentissement de leur activité économique et à une explosion de l'inflation.
Les chiffres clés des économies des pays baltes
Hier, la croissance économique caracolait à 7,1 %. Aujourd'hui, elle s'affiche à... 0,4 %. En un trimestre seulement, la correction que subit l'activité en Estonie est spectaculaire. "Nous ne nous attendions pas à une chute si brutale", avoue d'ailleurs Anssi Rantala, analyste à la banque Nordea et spécialiste des pays qui entourent la mer Baltique. Ce mouvement est également à l'oeuvre dans d'autres pays de la zone, à des degrés divers. Ainsi, en Lettonie, la croisance du PIB, qui atteignait encore 10,3 % en 2007, a été divisée par trois au premier trimestre de cette année, pour atteindre 3,6 %. Enfin, en Lituanie, moins portée vers les extrêmes, l'activité économique, qui avait crû de 8,8 % en moyenne l'an dernier, est en progression de seulement 6,9 % au premier trimestre 2008.
Que s'est-il passé ? "Le boom des crédits devait bien s'arrêter un jour, soupire le spécialiste de Nordea. Il n'y avait tout simplement plus de place pour une progression des prêts, en particulier immobiliers." Certes, la saturation, même pour une économie en plein rattrapage, devait arriver. Et elle n'a pu qu'être accélérée par la hausse des taux d'intérêt. Car il faut bien tenter de juguler l'inflation qui explose. Sur le seul mois d'avril, la hausse des prix en Estonie a été de 11,4 %. Autant dire que le piège s'est vite refermé. Les promoteurs, qui s'aperçoivent que les arbres ne vont pas jusqu'au ciel - pas plus que les prix de l'immobilier - se retrouvent avec une multitude d'appartements sur les bras. Les prix baissent et, avec eux, le sentiment de richesse des propriétaires. En Lettonie, par exemple, la confiance des consommateurs a chuté de 30 % en quelques mois. Et si, dans certains pays industrialisés, le blues ne se traduit pas automatiquement par un arrêt de la consommation, il semble que, dans les pays Baltes, la contamination est réelle. En Estonie, la consommation devrait ainsi stagner cette année.
Ce qu'il faudrait donc à ces économies, c'est une demande extérieure de nature à compenser la faiblesse de la demande intérieure. Or le hard landing des pays baltes s'opère dans un contexte de ralentissement économique mondial. La demande de produits fabriqués dans la région a donc tendance à s'amoindrir, d'autant que la hausse des salaires locaux (20 à 30 % par an dans certains cas) n'a rien fait pour améliorer la compétitivité.
Des liens historiques avec la Russie
Où pourrait-on trouver un rayon de soleil dans ce paysage ? Il faut pour cela regarder du côté de la Russie, souligne Anssi Rantala. Avec la Pologne, qui bénéficie de l'apport des immigrants rentrant au pays, c'est la seule économie de la zone qui poursuit sa progression. Or, liens historiques obligent, la Russie fait partie des clients de choix des pays Baltes, anciens pays membres de l'URSS.