L'édito de la semaine: Ce qui est immoral n’est pas forcément illégal

Publié le 17 juillet 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! J’aurai voulu vous parler du décès du plus célèbre des écrivains hongrois Péter Eszterhazy quelques mois plus tard après la disparition d’un autre tout aussi célèbre, Imre Kertész. Il y a quelques années, Eszterhazy avait découvert que son père avait collaboré avec les communistes. Au moment où l’œuvre d’un historien italien traduite en français parait en France et révèle que Primo Levi a participé à l’exécution de deux pauvres types perdus dans la guerre, il est encore une fois autorisé de penser que ces coïncidences que nous qualifierons de constructives, nous permettent justement de nous rappeler que jamais rien d’humain n’est noir ou blanc. Les meilleurs d’entre nous ont leurs "zones grises" et c’est tant mieux, restant humain grâce à cela.

J’aurai voulu vous parler de la nomination de la nouvelle Première ministre britannique - termes que j’utilise sciemment au féminin. Consciente que l’importance des mots aide à la construction de la pensée et par conséquent à l’évolution de notre société. De la façon dont les médias ont traité cette nomination. Me trompe-je en pensant que cela n’a pas fait la une des journaux? Ce n’est évidemment pas la première fois qu’une femme occupe ce poste, mais cela reste néanmoins encore un événement. The Sun n’a pu s’empêcher de ressortir comme il l’avait fait en son temps pour Hilary Clinton, sa photo d’escarpin. Il y a encore du travail…

J’aurai voulu vous parler de la nouvelle carrière de José Manuel Barroso chez Goldman Sachs et la question de savoir si l’on doit suspendre ou non son traitement d’ancien président de la Commission européenne. Comme si la question se posait…. En effet, rien d’illégal à accepter un poste de président non exécutif et de conseiller dans une des institutions financières internationales les plus controversées de la planète, deux ans après avoir quitté son poste politique. Ceux qui ont trempé dans tous les scandales financiers des 30 dernières années ont l’habitude de recruter auprès des anciens dirigeants politiques. Ceux-là même qui les critiquent du bout des lèvres lorsqu’ils sont au pouvoir. C’est juste immoral lorsque l’on connait un peu le rôle joué par Goldman Sachs dans la crise grecque, cette crise même qui avait a-t-on cru démontrer l’inefficacité de Barroso. En fait, là aussi cela dépend de l’angle de vue. Inefficace et incompétent pour les Européens et les Grecs en particulier mais peut-être parfait pour les financiers internationaux?

Enfin, quelques mots sur le massacre perpétré à Nice. On a beau essayer de nous convaincre qu’il s’agit d’un attentat terroriste, il semble bien pourtant que celui qui conduisait le camion n’était autre qu’un pauvre type, qui battait femme et enfants. Un pauvre type vaguement religieux mais sans réelle preuve d’un engagement véritable. Normalement ce genre d’individu, tue sa femme et se loupe en se suicidant avec les enfants. Les médias parlent de drames familiaux plutôt que de meurtres… là aussi il y a du travail. Cette fois-ci, le pauvre type a vu grand et ne s’est pas contenté de tuer ceux à qui il pourrissait la vie, il a tué des gens heureux le temps d’un moment. Plutôt que d’essayer de nous convaincre qu’il s’agit d’un terroriste manipulé par Daesh qui a tenté de récupérer sans grandes convictions l’affaire, nos gouvernants feraient bien de se taire, leurs déclarations démontrant combien ils sont incompétents et aveugles face à une société qui engendrent de tels individus. Tout ce qui a été dit plus haut explique ce qui s’est passé à Nice. Mais eux ne voient rien et ne comprennent rien, saisissant seulement l’occasion de relancer l’état d’urgence en utilisant cette horreur comme prétexte.