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Guilt (2016): … de l’avoir regardée!

Publié le 15 juillet 2016 par Jfcd @enseriestv

Guilt est une nouvelle série de 10 épisodes diffusée depuis la mi-juin sur les ondes de Freeform aux États-Unis et quelques jours plus tard sur Bravo au Canada. L’action se déroule à Londres alors que Grace Atwood (Daisy Head), une étudiante américaine retrouve au lendemain d’une fête trop arrosée le corps inanimé de sa meilleure amie et colocataire Molly Ryan (Rebekah Wainwright). Poignardée 17 fois exactement, le détective Bruno (Cristian Solimeno) et la procureure de la couronne Gwendolyn Hall (Naomi Ryan) accumulent malgré eux les preuves contre Grace et les médias en font leurs gorges chaudes. Pourtant, à mesure que l’enquête se poursuit, la liste des suspects s’allonge, au point où ça en devient carrément ridicule. En effet, Guilt est truffée d’intrigues à la noix, de dialogues superficiels et la longueur de la série en est probablement la première cause. Sinon, difficile de grincer des dents lorsqu’il est question de médias sociaux… et la petite morale qui va avec.

Guilt (2016): … de l’avoir regardée!

10 heures…

Le soir fatidique, Grace est tombé dans les bars d’un parfait inconnu, le Français Luc (Zachary Fall) avec lequel elle a passé toute la nuit apparemment. Ce n’est que le lendemain en compagnie de Roz (Simona Brown), une autre colocataire que le trio tombe sur la victime. La police découvre dans un premier temps des traces sur internet de la relation « frenemies » entre les deux jeunes filles, en plus d’empreintes de Grace sur la scène du crime. Heureusement, son riche papa James (Anthony Head) engage l’irréductible avocat Stan Guttiere (Billy Zane) pour venir à sa rescousse, secondé de Natalie (Emily Tremaine), la demi-sœur de Grace qui étudie en droit.

Telles les séries « whodunnit», plusieurs suspects sont dans la mire de la police et celle-ci découvre d’abord que Grace a couché avec son professeur de fac, Linley (Mark Letheren) et que quand elle a appris qu’il était marié, elle s’est vengée en allant crever les pneus de la voiture de sa femme. Linley est un suspect puisqu’il a aussi fait des avances à Molly, laquelle n’a pas cédé. La jeune fille n’était pas pour autant une Sainte-nitouche : en échange de rémunération, elle participait à des orgies à la Eyes Wide Shut et aurait eu pour clients non seulement James, le père de Grace, mais aussi « Son Altesse Royale » le prince Theo (Sam Cassidy), lequel est justement adepte de jeux sadomasochistes. Ajoutons à cela Patrick (Kevin Ryan), le frère de Molly au tempérament violent, Luc, qui peut-être connaissait la victime et c’est sans compter Bruno qui cache un « terrible » secret que seul Theo connaît.

Guilt (2016): … de l’avoir regardée!

La co-créatrice de la série Nichole Millard l’ayant confirmé en entrevue, nous ne connaitrons l’identité du véritable tueur qu’à la fin de la saison, soit à l’épisode #10. Ce genre de schéma pose problème dans le sens où nous avons droit à un film multiplié par cinq. D’autres séries telles Slasher ou Scream ont emprunté la même voie, mais au moins pendant tout ce temps on mettait l’accent sur l’œuvre du tueur en série qui se perpétuait, donnant au moins une bonne dose de gore aux amateurs du genre. Sans autre sorte d’intrigue, les Américains devraient suivre l’exemple des Anglais et se limiter à des miniséries de cinq ou six épisodes et ainsi boucler la boucle, comme ce fut le cas avec Thirteen, From Darkness ou Unforgotten (avec 8 épisodes chacun, Broadchurch et The Missing demeurent des exceptions, mais l’ensemble de ces œuvres était magistral). En attendant, on a Guilt qui cherche carrément à boucher les trous, à commencer par le cœur même de la série, soit, la culpabilité supposée de Grace. Certes, elle et Molly se chamaillaient et cette thèse est suffisante du point de vue de Gwendolyn pour la rendre suspecte, comme en témoigne cet échange insignifiant avec Bruno : (B) :“Do you really think that’s the work of a jealous girl?” (G) :“Never underestimate a jealous girl”.

Puis, comme dans la majorité des séries de Freeform/ (feue) ABC Family, on décrédibilise la fiction avec un casting anormalement jeune et beau, si bien que nous avons des détectives, des journalistes, un agent de l’ambassade américaine par exemple au faîte de leur carrière, mais qui dans les faits ne doivent pas avoir plus de 25 ans. On a clairement l’impression que les acteurs essaient d’imiter les « grandes personnes », ce qui est renforcé par les manières quelque peu puériles qu’ils ont de s’accaparer des informations confidentielles ou encore de s’infiltrer chez autrui comme le prince Theo (évidemment, un pervers puisque royal) qui s’introduit chez Bruno… comme si son illustre lignage lui permettait tout, y compris d’entrer comme bon lui semble chez autrui.

Guilt (2016): … de l’avoir regardée!

La popularité avant tout

Le public régulier de Freeform étant relativement jeune, on ne peut faire une série sans y intégrer les médias sociaux et là aussi c’est un désastre. Les journalistes étant persuadés de la culpabilité de Grace, la jeune mondaine est traînée dans la boue et jugée coupable par l’opinion publique. On a d’abord droit à un discours très pédagogique de la part de son avocat qui semble lui apprendre que tout ce qu’elle publie sur le web reste et peut se retourner contre elle. Puis, on atteint un paroxysme d’idiotie au début de l’épisode #3 alors qu’elle semble sur le point de craquer en lisant ce que des inconnus disent sur elle sur les réseaux sociaux (l’actrice joue particulièrement mal dans cette scène). Au lieu de tout simplement arrêter de lire ces méchancetés, elle prend plusieurs somnifères au point d’en faire une overdose. La première chose qu’elle fait en se réveillant? Prendre son téléphone et tenter de s’innocenter après de sa base de fans. Et ça marche. Tout à coup, tout le monde prend sa défense et elle peut s’endormir en paix. Qu’importe que les VRAIES autorités l’enferment derrière les barreaux; du moment que ses « amis » la croient…

490 000 téléspectateurs ont regardé le pilote de Guilt en direct, lequel n’a pas persuadé grand monde puisqu’au cours des deux semaines suivantes, l’audience stagnait à 330 000 avec un taux naviguant entre 0,12 et 0,16 sur cette période. C’est passablement les mêmes chiffres qu’a récolté Recovery Road sur la même chaîne en mars, laquelle n’a pas été renouvelée. Une fois l’enquête close, il n’y aura donc plus rien à espérer.


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