La prise de la pastille

J'ai choisi le 14 juillet pour prendre la pastille.

Peut-être parce que je ne supporte plus ce pays qui vacille ou qui n'avance pas sans béquilles.

Non, je ne pleure pas, je ris de nous voir partir en vrille...

Je préfère encore les plus ternes lanternes aux faux soleils qui brillent de mille feux pour que l'on cesse de croire en Dieu.

C'est le jour J pour retrouver toute notre énergie et nous débarrasser de toutes les vieilles grilles de lecture.

De quoi il s'agit ?

Je l'ai déjà dit : de la prise de la pastille... la voici... la voilà... elle scintille...

Il suffit de l'avaler pour oublier toutes les questions, toutes les querelles qui nous ont pourris la vie...

Tous les souvenirs à la poubelle !

Les choses promises et les causes compromises vont être effacées de notre mémoire... qui ne sera plus qu'un vaste miroir réfléchissant le présent... l'oubli mettra un terme à tous nos soucis... l'oubli salvateur ou salutaire va enfin reconquérir sa liberté parce qu'il ignore qu'il l'a déjà conquise rien qu'en célébrant la prise de la pastille...

À qui doit-on dire : Adieu ?